
Le projet de fusion à 60 milliards entre Honda et Nissan tombe à l’eau
C'était un projet titanesque qui aurait redessiné le paysage de l'industrie automobile mondiale. Mais le mariage à 60 milliards de dollars entre les géants japonais Honda et Nissan n'aura finalement pas lieu. Retour sur les raisons de cet échec et ses conséquences pour le secteur.
Un mariage de raison qui capote
Lorsque Honda et Nissan ont annoncé en décembre dernier leur intention de fusionner leurs activités, l'onde de choc a secoué tout le monde automobile. Les deux poids lourds nippons ambitionnaient ainsi de créer le 3ème constructeur mondial derrière Toyota et Volkswagen, en additionnant leurs ventes.
L'objectif était de mieux faire face ensemble aux "changements spectaculaires" qui bouleversent l'industrie automobile, selon les mots du PDG de Nissan.
– Makoto Uchida, PDG de Nissan
Mais ce mariage de raison n'aura finalement pas lieu. D'après l'agence Reuters qui cite plusieurs sources proches du dossier, l'opération a capoté en raison de plusieurs désaccords entre les fiancés :
- La "fierté" de Nissan et sa sous-estimation de ses difficultés
- La volte-face de Honda qui voulait finalement faire de Nissan une simple filiale
- Des visions stratégiques divergentes sur l'avenir
Malgré des mois de négociations, le projet de fusion à 60 milliards de dollars est donc abandonné, les deux groupes n'ayant pas réussi à s'entendre sur les termes de leur union. Un échec cuisant pour ce qui s'annonçait comme le "deal" de la décennie dans l'automobile.
Nissan fragilisé, Foxconn à l'affût
Si les deux constructeurs sortent affaiblis de cet échec, c'est surtout Nissan qui apparaît en position de faiblesse. Le groupe, qui a connu des années difficiles, voyait dans cette fusion un moyen de rebondir et de partager les coûts de développement.
Son alliance avec Renault et Mitsubishi, initiée en 1999, semble aussi fragilisée par ce revers. Le constructeur français, qui détient 43% de Nissan, n'avait pas caché son scepticisme sur le projet de rapprochement avec Honda.
Autre conséquence inattendue, l'intérêt manifesté par le géant taïwanais de l'électronique Foxconn pour une entrée au capital de Nissan. Le sous-traitant d'Apple, qui a récemment fait une incursion remarquée dans la production de véhicules électriques, pourrait saisir l'occasion pour accélérer dans l'automobile.
Honda préserve son indépendance
De son côté, Honda sort de cet épisode avorté avec quelques égratignures mais préserve son indépendance. Le constructeur a préféré renoncer à ce mariage plutôt que de céder le contrôle à son rival.
Honda reste cependant sous pression dans la course à l'électrification et à la voiture autonome face à des concurrents aux poches pleines comme Toyota ou les nouveaux entrants de la tech. Des partenariats ciblés pourraient s'avérer nécessaires pour ne pas décrocher.
Un secteur en pleine recomposition
L'échec de cette méga-fusion illustre la difficulté pour les acteurs traditionnels de l'automobile à trouver la bonne formule pour affronter les défis de la décennie. Entre alliances, fusions, acquisitions, l'industrie est en pleine recomposition.
Avec l'essor de l'électrique, de la conduite autonome, du véhicule connecté, les constructeurs doivent investir des milliards tout en faisant face à de nouveaux concurrents issus de la tech. Trouver le bon partenaire devient stratégique.
- Analyste automobile qui a requis l'anonymat
Malgré cet échec, nul doute que d'autres rapprochements auront lieu ces prochaines années dans un secteur automobile en pleine mutation, où la taille devient plus que jamais critique. La bataille pour rester dans la course ne fait que commencer.