Le projet de mine de lithium d’Imerys dans l’Allier soulève des questions
En France, l'industrie minière suscite depuis longtemps des débats passionnés. Le récent projet d'extraction et de raffinage de lithium porté par le groupe Imerys dans l'Allier ne fait pas exception. Après quatre mois de consultation publique organisée par la Commission nationale du débat public (CNDP), force est de constater que ce « premier projet de mine en métropole au XXIe siècle » divise. Si certains y voient une opportunité stratégique pour la souveraineté française et la transition écologique, d'autres s'inquiètent de ses potentiels impacts à long terme sur l'environnement et les communautés locales.
Un projet d'envergure aux enjeux multiples
Avec ce projet, Imerys ambitionne de construire la première mine de lithium française, capable d'alimenter les batteries de 700 000 voitures électriques par an à partir de 2028. L'enjeu est de taille dans un contexte de transition énergétique où les besoins en lithium, composant clé des batteries, explosent.
Le gouvernement a d'ailleurs récemment qualifié le projet de « projet d'intérêt national majeur », soulignant son caractère stratégique pour la souveraineté française. En effet, disposer d'une production locale de lithium permettrait de sécuriser les approvisionnements et de réduire la dépendance aux importations, dans un marché dominé par l'Australie et le Chili.
Des impacts environnementaux qui inquiètent
Malgré ces atouts, le projet d'Imerys suscite de vives inquiétudes quant à ses impacts environnementaux potentiels. L'exploitation d'une mine à ciel ouvert et l'installation d'une raffinerie ne sont en effet pas sans conséquences :
- Artificialisation et destruction d'espaces naturels
- Risques de pollution des sols et des eaux
- Nuisances pour les riverains (bruit, poussières, trafic routier)
- Impact sur la biodiversité locale
Si Imerys assure que toutes les précautions seront prises pour limiter ces impacts, avec notamment un plan de réhabilitation du site après exploitation, certains doutent que cela soit suffisant. Des associations environnementales pointent le risque que ce projet ouvre la voie à une relance plus large de l'industrie minière en France, avec son lot de conséquences écologiques.
Quelle acceptabilité pour les projets miniers ?
Au-delà des aspects purement environnementaux, c'est la question de l'acceptabilité sociale des projets miniers qui est posée. Malgré les retombées économiques promises en termes d'emplois et d'activité, une partie de la population locale exprime une forte opposition, refusant d'avoir à « sacrifier leur territoire pour la transition écologique ».
Nous ne voulons pas d'une mine ici. Nos paysages et notre qualité de vie valent plus que les profits d'Imerys !
Un opposant au projet lors du débat public
Cette opposition fait écho aux mobilisations qui se multiplient un peu partout en France contre les nouveaux projets miniers, signe d'une défiance persistante envers ce secteur malgré les progrès réalisés en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Vers un débat national sur l'avenir minier français ?
Face à ces tensions, la CNDP appelle à une délibération collective sur la place à donner à l'industrie minière dans la France du XXIe siècle. Selon l'autorité, le projet d'Imerys cristallise des interrogations plus larges auxquelles le groupe ne peut répondre seul :
- Quelles ressources minières devons-nous exploiter pour réussir la transition écologique ?
- À quelles conditions et avec quelles garanties ?
- Quelle place pour la sobriété et la réduction de nos consommations de matières ?
Autant de questions stratégiques qui mériteraient, aux yeux de la CNDP, un véritable débat national impliquant l'ensemble des parties prenantes. Une façon d'initier une réflexion de fond sur le modèle minier français et ses évolutions nécessaires pour répondre aux défis du siècle.
En attendant, le projet d'Imerys devrait se poursuivre, avec une demande de permis prévue pour 2024. Mais gageons que l'avenir de cette mine de lithium bourbonnaise, emblématique des contradictions de la transition, n'a pas fini de faire couler de l'encre.