Le Québec Bouste Son Écosystème de Startups Malgré les Critiques
En plein cœur d'une période houleuse marquée par des critiques sur les dépenses gouvernementales, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (MEIE) du Québec vient d'octroyer une aide financière directe de 9 millions de dollars à l'organisme à but non lucratif Québec Tech. Un coup de pouce substantiel visant à propulser les startups québécoises sur la scène internationale, mais qui ne fait pas l'unanimité dans l'écosystème. Décryptage d'un dossier brûlant.
Québec Tech, fer de lance de la stratégie d'innovation
Anciennement connue sous le nom de Startup Montréal, Québec Tech s'est vu confier la mission ambitieuse de faire rayonner les pépites technologiques de la Belle Province à l'international. Une tâche de taille, qui s'inscrit dans le cadre du plan d'innovation quinquennal de 22,5 millions de dollars mis en place par le gouvernement Legault.
Concrètement, l'enveloppe de 9 millions de dollars permettra à Québec Tech de déployer son programme Stage V, qui offre un accompagnement sur mesure à une sélection de startups en hypercroissance. Au menu : des missions commerciales avec Investissement Québec International, des services d'intelligence de marché, ainsi qu'un soutien en ressources humaines. De quoi donner un sérieux coup d'accélérateur aux fleurons de demain.
Christopher Skeete monte au créneau
Face aux critiques pointant du doigt l'interventionnisme étatique, le ministre délégué à l'Économie, Christopher Skeete, a tenu à justifier l'approche du gouvernement. Selon lui, les entreprises québécoises ne peuvent tout simplement pas rivaliser à armes égales sur l'échiquier mondial sans un coup de pouce des pouvoirs publics.
Ce qui me fait le plus peur, ce n'est pas d'aider les entreprises avec l'argent du gouvernement, mais plutôt de tenir la position du Québec dans le monde pour acquise.
Christopher Skeete, ministre délégué à l'Économie, à l'Innovation et à l'Énergie
Un point de vue que ne partagent pas tous les acteurs de l'écosystème. Si certains, à l'instar de Julien Michalk, PDG de UFrost, estiment que les programmes gouvernementaux sont « obligatoires », d'autres, comme Eric Boyko de Stingray Music, plaident pour une baisse de la fiscalité des entreprises plutôt que des subventions.
L'épineuse question de la compétitivité
Au cœur du débat, la question de la compétitivité des entreprises québécoises à l'international. Pour Christopher Skeete, pas de doute : sans l'aide du gouvernement, nos fleurons risquent de mettre la clé sous la porte, entraînant pertes d'emplois et marasme économique en région.
Un argument qui fait mouche auprès de Richard Chénier, qui considère que le montant investi par le gouvernement n'est « probablement pas suffisant », mais fait néanmoins « une différence » pour un écosystème qui serait « anémique » sans ce soutien.
Le privé doit prendre le relais
Si l'aide publique a permis à l'écosystème startup québécois de prendre son envol, Christopher Skeete est conscient qu'elle ne pourra pas tout. Pour lui, l'augmentation des investissements privés est indispensable pour mieux commercialiser les innovations et doper la productivité du Québec.
Un constat partagé par Réseau Capital, qui pointe du doigt la baisse de la part des investissements privés dans la Belle Province, passée de 60 % à 52 % en 2023. Un défi de taille pour les startups québécoises, qui devront redoubler d'efforts pour attirer les investisseurs dans un contexte économique incertain.
Cap sur l'international
In fine, l'objectif du gouvernement Legault est clair : permettre aux pépites québécoises de rayonner sur la scène mondiale. Un pari audacieux, qui ne pourra être relevé qu'avec la mobilisation de tous les acteurs de l'écosystème, des startups aux investisseurs en passant par les organismes de soutien comme Québec Tech.
Car si les critiques fusent sur les moyens déployés, tous s'accordent sur une chose : le positionnement du Québec dans la course à l'innovation mondiale est un enjeu crucial pour l'avenir économique de la province. Un défi qui nécessitera de l'audace, de la créativité et une bonne dose de résilience. Des qualités dont les entrepreneurs québécois ne manquent pas, et qu'il faudra plus que jamais cultiver pour transformer l'essai.