Le Rachat de Royal Mail par Kretinsky : Un Nouvel Élan pour l’Historique Entreprise Postale Britannique
L'acquisition de Royal Mail, l'emblématique service postal britannique, par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky marque un tournant historique. Avec une offre s'élevant à 4,2 milliards d'euros, ce rachat suscite de nombreuses interrogations sur l'avenir de ce fleuron national, mais aussi beaucoup d'espoirs. Décryptage des enjeux de cette opération qui pourrait insuffler un nouvel élan à Royal Mail, en pleine transformation numérique.
Un rachat pivot pour l'avenir de Royal Mail
Fondé en 1516, Royal Mail est une véritable institution au Royaume-Uni. Mais face au déclin du courrier postal et à l'essor du commerce en ligne, l'opérateur a dû entamer une profonde mutation ces dernières années pour devenir un acteur majeur de la livraison de colis. Une transformation qui n'a pas été sans heurts, avec notamment des mouvements de grève du personnel inquiet pour ses conditions de travail.
C'est dans ce contexte que Daniel Kretinsky, via sa société d'investissement EP Group, a lancé son OPA sur Royal Mail, dont il détenait déjà 27% du capital. L'offre à 3,57 milliards de livres (4,2 milliards d'euros), soit 370 pence par action, a finalement été acceptée ce mercredi 29 mai par le conseil d'administration d'International Distributions Services (IDS), maison-mère de Royal Mail.
Des engagements forts de la part de Kretinsky
Pour convaincre les dirigeants et le gouvernement britannique, Daniel Kretinsky a dû prendre des engagements importants :
- Maintien de l'obligation de service postal universel à prix unique
- Préservation des avantages sociaux et des pensions des employés
- Garantie de conserver le siège et la résidence fiscale de Royal Mail au Royaume-Uni
Des gages nécessaires au vu du statut particulier de Royal Mail, et que le milliardaire tchèque assure prendre très au sérieux :
L'ampleur des engagements que nous proposons à l'entreprise et au gouvernement britannique reflète le sérieux avec lequel nous prenons cette responsabilité, dans l'intérêt des employés d'IDS, des représentants syndicaux et de toutes les autres parties prenantes.
- Daniel Kretinsky
L'enjeu clé de la transformation de Royal Mail
Si Royal Mail a déjà amorcé avec un certain succès sa mue vers une entreprise axée sur la livraison de colis, le chemin est encore long et semé d'embûches. La concurrence est féroce sur ce marché en plein essor, la qualité de service n'est pas toujours au rendez-vous et les relations sociales restent tendues en interne.
Pour le nouveau propriétaire, l'enjeu est donc d'accélérer et d'accompagner au mieux cette indispensable transformation, tout en préservant l'identité et les missions de service public de Royal Mail. Un défi que Daniel Kretinsky estime pouvoir relever grâce à la force de l'investissement privé :
Toute offre de rachat de Royal Mail doit faire l'objet d'un examen "normal" au regard de la sécurité nationale, mais le ministre des Finances, Jeremy Hunt, a indiqué précédemment qu'il ne s'y opposerait pas en principe.
Une position également défendue par le Parti travailliste, qui veillera néanmoins, s'il remporte les élections générales prévues en 2024, au respect des garanties données par l'homme d'affaires tchèque.
Un avenir plus serein pour Royal Mail ?
Malgré les incertitudes, ce rachat marque peut-être le début d'une nouvelle ère, plus apaisée et constructive, pour Royal Mail. Les premiers signaux sont encourageants, avec une perte annuelle réduite et même le versement d'un dividende spécial aux actionnaires.
Reste maintenant à transformer l'essai et à réconcilier modernisation et tradition, rentabilité et service public, intérêts des actionnaires et conditions de travail des salariés. Un sacré défi qui sera scruté de près par les Britanniques, tant Royal Mail fait partie du patrimoine national. L'avenir nous dira si Daniel Kretinsky est l'homme de la situation pour réussir ce tour de force.
