Le rapprochement UniCredit-Commerzbank : un projet ambitieux en pause
Le projet de rapprochement entre la banque italienne UniCredit et l'allemande Commerzbank suscite de nombreuses interrogations dans le secteur bancaire européen. Si cette fusion venait à se concrétiser, elle donnerait naissance à un géant bancaire transfrontalier aux ambitions paneuropéennes. Cependant, le directeur général d'UniCredit Andrea Orcel a tenu à tempérer les spéculations lors d'une récente conférence, en affirmant que ce rapprochement ne se ferait qu'avec le soutien de toutes les parties prenantes et si les conditions étaient réunies.
UniCredit, un actionnaire stratégique mais prudent
En augmentant sa participation au capital de Commerzbank à près de 21%, UniCredit est devenu le premier actionnaire de la banque allemande, devant l'État allemand qui conserve 12%. Cette montée au capital a irrité Berlin mais Andrea Orcel a tenu à clarifier la position d'UniCredit :
Pour l'instant, Commerzbank est pour nous un investissement, rien d'autre. Il n'y a pas d'offre, il n'y a pas de soumission.
– Andrea Orcel, directeur général d'UniCredit
Il a souligné qu'UniCredit disposait d'une marge de manœuvre car les instruments financiers utilisés pour monter au capital limitent les pertes éventuelles. Tout en estimant qu'un rapprochement serait la meilleure solution pour les deux banques, il a affirmé qu'UniCredit ne pouvait pas y être forcé à des conditions qui n'auraient pas de sens.
Un soutien large des parties prenantes indispensable
Pour Andrea Orcel, toute fusion nécessiterait un large soutien et consensus des parties prenantes clés :
- L'accord du gouvernement allemand, qui souhaite conserver une banque de financement de l'économie nationale
- L'adhésion des actionnaires et investisseurs aux synergies et à la logique industrielle de l'opération
- Le soutien des autorités de régulation qui devront valider un tel rapprochement transfrontalier
Le dirigeant d'UniCredit a mis en avant la discipline de son groupe qui ne réalisera pas l'opération si elle ne répond pas à ses critères de rentabilité et de création de valeur. Il a appelé à ne pas sous-estimer cette discipline.
Berlin attentif aux intérêts allemands
Du côté allemand, le gouvernement suit de très près ce dossier. S'il ne s'oppose pas par principe à un rapprochement, il sera vigilant aux conditions et aux implications pour le financement de l'économie allemande ainsi qu'aux potentielles restructurations. Berlin a d'ailleurs réaffirmé sa volonté de conserver sa participation de 12% au capital de Commerzbank.
Des discussions à reprendre
Malgré ces freins, UniCredit s'est dit "très désireux" de reprendre les discussions avec les parties prenantes de Commerzbank. Des premiers échanges avaient eu lieu avant la prise de participation mais doivent maintenant être réactivés pour définir les conditions acceptables par tous d'un tel rapprochement.
Le projet de fusion entre UniCredit et Commerzbank, s'il venait à se réaliser, transformerait en profondeur le paysage bancaire européen en donnant naissance à un acteur de premier plan. Mais comme l'a souligné Andrea Orcel, un tel projet ne se fera pas sans un large consensus et à n'importe quelles conditions. Les négociations à venir entre les différentes parties prenantes s'annoncent donc cruciales pour l'avenir de ce dossier stratégique pour le secteur financier européen.