Le régulateur britannique scrute les partenariats de Google et Microsoft dans l’IA
Alors que la course à l'intelligence artificielle générative bat son plein, les autorités de régulation s'inquiètent d'éventuelles dérives anticoncurrentielles. C'est notamment le cas au Royaume-Uni, où la Competition and Markets Authority (CMA) a décidé de se pencher sur les partenariats noués par deux géants américains de la tech, Google et Microsoft, avec de jeunes pousses spécialisées dans l'IA.
Google-Anthropic et Microsoft-Inflection AI dans le viseur
Concrètement, le gendarme britannique a ouvert deux enquêtes distinctes :
- L'une vise l'investissement de Google dans la start-up Anthropic, à qui l'on doit le modèle de langage Claude, rival de ChatGPT.
- L'autre s'intéresse à l'accord passé entre Microsoft et Inflection AI, qui a débouché sur le recrutement de l'essentiel des effectifs de la jeune pousse par le géant de Redmond.
Dans les deux cas, la CMA cherche à déterminer si ces opérations sont assimilables à des fusions, et si oui, si elles risquent d'entraîner une diminution substantielle de la concurrence sur le marché britannique de l'IA générative.
Jusqu'à 2 milliards de dollars pour Anthropic
Fondée par d'anciens d'OpenAI, Anthropic s'est fait remarquer avec son IA conversationnelle Claude. Face à cet outil prometteur, Google a mis la main au portefeuille. Le mastodonte a d'abord pris une participation de 10% au capital contre 300 millions de dollars, avant d'annoncer en octobre 2023 un nouvel investissement pouvant atteindre 2 milliards :
500 millions seront injectés dans un premier temps sous forme d'obligations convertibles, puis jusqu'à 1,5 milliard supplémentaire pourra être débloqué à la demande d'Anthropic au fil des années
Microsoft rafle les équipes d'Inflection AI
Chez Inflection AI, une autre start-up fondée par des transfuges d'OpenAI et DeepMind, c'est un scénario différent qui s'est produit. Microsoft a recruté en mars 2023 la majeure partie de son staff d'une soixantaine de personnes, dont ses dirigeants et scientifiques de haut niveau, pour lancer une division Consumer AI.
Selon Reuters, la firme de Redmond aurait en parallèle signé un chèque d'environ 650 millions de dollars pour pouvoir exploiter les modèles d'IA générative développés par Inflection.
Préserver la compétition dans un marché naissant
Pour la CMA, il s'agit donc de s'assurer que ces deals ne porteront pas un coup fatal à la concurrence dans un secteur encore émergent. Un enjeu d'autant plus crucial que le régulateur britannique a publié fin juillet, de concert avec ses équivalents américains et européens, une déclaration commune :
Les trois autorités s'engagent à coordonner leurs efforts pour promouvoir la compétition et protéger les consommateurs dans le domaine de l'intelligence artificielle.
Les liens étroits qui se tissent à coups de milliards entre les acteurs établis de la tech et les start-up les plus en vue de l'IA soulèvent donc des inquiétudes légitimes. Reste à savoir ce que l'enquête de la CMA donnera. Google et Microsoft, eux, se veulent rassurants, affirmant qu'Anthropic et Inflection AI demeurent des entités indépendantes.
Affaire à suivre, donc, dans un secteur où la concentration s'accélère à vue d'oeil et où la pression réglementaire monte crescendo. De futurs développements sont à prévoir dans les prochains mois, alors que l'IA générative connait une adoption fulgurante.