Le retour mouvementé de Starliner : des astronautes bloqués sur l’ISS
Imaginez-vous coincé au bureau pour 8 mois, sans possibilité de rentrer chez vous. C'est un peu ce que vivent actuellement deux astronautes de la NASA, bloqués sur la Station Spatiale Internationale suite aux déboires de la capsule Starliner de Boeing, qui devait les ramener sur Terre.
Un retour sans équipage
Le 7 septembre 2024, la capsule Starliner a atterri dans le désert du Nouveau-Mexique, mettant fin à une mission de 93 jours qui avait mal commencé. Initialement prévue pour durer 8 jours, cette première mission habitée de Starliner a été marquée par une panne du système de propulsion qui a empêché l'amarrage à l'ISS en juin dernier.
Malgré les efforts des ingénieurs de Boeing et de la NASA, impossible de garantir un retour en toute sécurité de l'équipage. La décision a donc été prise de renvoyer Starliner à vide, laissant les astronautes sur l'ISS sans moyen de rentrer avant le prochain vol prévu dans 8 mois. Un coup dur pour ces derniers, qui s'attendaient à retrouver la Terre ferme après une mission de routine.
Un désarrimage sous tension
Le désarrimage de Starliner, le 6 septembre à 18h04 heure de l'Est, s'est déroulé dans une ambiance tendue malgré les efforts de la NASA pour minimiser l'incident. Les ordinateurs de la capsule ont dû être reprogrammés pour la manœuvre et des doutes subsistaient quant à un potentiel endommagement du mécanisme d'amarrage en cas de nouveau dysfonctionnement des propulseurs.
Il y avait clairement un air de tension lors de la retransmission en direct de la NASA. On avait déjà spéculé sur l'incapacité de Starliner à se désarrimer de manière autonome dans son état actuel.
Un expert de l'industrie spatiale
Un voyage de retour minuté
Une fois détachée de l'ISS, Starliner a suivi une chorégraphie bien précise :
- 10 minutes à s'éloigner de la zone de sécurité autour de la station.
- Mise en orbite légèrement plus haute pour éviter toute collision en cas de panne.
- Manœuvre de désorbitation de 60 secondes à 23h17.
- Rentrée atmosphérique au-dessus du Pacifique Sud, perte temporaire de contact.
- Déploiement des parachutes une fois en vitesse subsonique.
- Largage du bouclier thermique et gonflage des airbags à 900m d'altitude.
Un atterrissage réussi, mais l'aventure est loin d'être terminée pour Boeing et son partenaire la NASA. La capsule va maintenant subir un examen approfondi pour déterminer l'origine de cette panne qui coûte très cher, à la fois financièrement et en termes d'image, aux deux entités.
L'avenir de Starliner en question
Cet échec remet en cause tout le programme Starliner. La NASA n'autorisera pas de nouveaux vols habités tant qu'une mission ne se sera pas déroulée sans accroc de bout en bout. Avec près de 2 milliards de dollars déjà engloutis dans un contrat à prix fixe, chaque mission supplémentaire plombe un peu plus les comptes de Boeing, déjà dans le rouge suite à des revers sur d'autres programmes aérospatiaux.
Pendant ce temps, SpaceX continue d'assurer la rotation des équipages de l'ISS avec sa capsule Crew Dragon, qui a fait ses preuves. La concurrence est rude pour Boeing qui va devoir rectifier le tir rapidement s'il veut rester dans la course des vols habités privés. Les astronautes coincés en orbite en font aujourd'hui les frais.