Le risque de retour de l’appétit des investisseurs en Europe
Après une semaine de fortes turbulences sur les marchés boursiers, notamment dans le secteur technologique, les investisseurs européens semblent retrouver leur appétit pour le risque ce vendredi. En effet, portées par le rebond des valeurs tech américaines, les principales places financières du Vieux Continent repartent de l'avant, à l'image du CAC 40 parisien qui progresse de près de 1% en milieu de séance.
Le rallye boursier des "Sept Magnifiques" se poursuit
Ce regain d'optimisme intervient malgré une semaine difficile marquée par les résultats jugés décevants de plusieurs géants technologiques américains comme Alphabet et Tesla. Mais cela n'entame visiblement pas la confiance des investisseurs dans les perspectives du secteur.
Car depuis le début de l'année, ce sont bien les fameux "Sept Magnifiques" (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Nvidia et Tesla) qui ont alimenté le puissant rallye des indices boursiers, notamment outre-Atlantique. Un mouvement de hausse spectaculaire qui a vu le Nasdaq, à forte coloration technologique, s'envoler de plus de 30% en six mois.
Les valorisations des grandes valeurs tech ont atteint des niveaux stratosphériques, déconnectés des fondamentaux. Une correction était inévitable mais le mouvement de fond reste porteur.
- Thomas Alzuyeta, gérant actions chez Mirabaud AM
Le scénario d'une première baisse des taux de la Fed
Au-delà de l'histoire des résultats, c'est aussi la perspective d'un assouplissement monétaire qui semble redonner de l'allant aux investisseurs. Ces derniers parient désormais majoritairement sur une première baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) dès le mois de septembre.
Un scénario conforté par la publication ce vendredi de l'indice des prix PCE, la mesure d'inflation favorite de la Fed. Cet indicateur a en effet confirmé le ralentissement des pressions inflationnistes aux États-Unis sur le 2ème trimestre. De quoi laisser espérer un "pivot" accommodant de la banque centrale dans les prochains mois.
Un appétit pour le risque retrouvé en Europe
Mais si Wall Street donne le la, l'Europe n'est pas en reste. Les investisseurs du Vieux Continent renouent eux aussi avec le goût du risque, comme en témoigne la vigueur des secteurs les plus risqués ce vendredi:
- Le luxe bondit de plus de 2%, porté par l'envolée d'Hermès (+3%) après des ventes meilleures que prévu.
- Les technos rebondissent de près de 1%, dans le sillage des semis américains.
- EssilorLuxottica s'envole de 8% alors que Meta s'intéresserait au capital du géant de l'optique.
Résultat, les principaux indices européens repartent de l'avant ce vendredi, effaçant une partie des lourdes pertes subies en début de semaine. Le risque est à nouveau à la mode sur le Vieux Continent. Même si, sur l'ensemble de la semaine, le bilan devrait rester légèrement négatif.
Les investisseurs sous-estiment-ils les risques ?
Ce retour en force de l'appétit pour le risque pose tout de même question. Les investisseurs ne pêchent-ils pas par excès d'optimisme ? C'est ce que craignent certains analystes, pour qui le rebond du jour ressemble fort à un "rally du soulagement", dans un contexte de marché qui reste incertain.
L'inflation, bien qu'en phase de ralentissement, demeure élevée. Les banques centrales, malgré les espoirs de pause, pourraient rester restrictives plus longtemps que prévu. Et les valorisations des actions, notamment technologiques, apparaissent déjà tendues après le rally du premier semestre. Autant de facteurs de risque qui incitent à la prudence pour la suite.
Le rebond des marchés repose beaucoup sur le scénario d'un atterrissage en douceur de l'économie. Mais si la récession s'avère plus marquée que prévu, le réveil pourrait être brutal pour les investisseurs.
- Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM
Le message est clair : le retour de l'appétit pour le risque est une bonne nouvelle, mais gare à l'excès d'enthousiasme. Dans un environnement toujours très incertain, la prudence reste de mise pour les investisseurs. L'heure n'est pas encore au triomphalisme sur les marchés.