Le Royaume-Uni envisage d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans
Faut-il interdire purement et simplement l'accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans ? C'est l'une des pistes choc envisagées par le gouvernement britannique. Pour lutter contre les dérives en ligne touchant les plus jeunes, "tout est sur la table", a affirmé sans détour Peter Kyle, le secrétaire britannique à la technologie.
Une étude pour évaluer la faisabilité d'une interdiction
Avant de franchir le pas, le Department for Science, Innovation and Technology (DSIT) a annoncé le lancement d'une étude de faisabilité. L'objectif : "explorer les effets de l'utilisation des smartphones et des réseaux sociaux sur les enfants, afin de renforcer la recherche et les preuves nécessaires pour construire un monde en ligne plus sûr", explique le ministère.
Car pour l'heure, comme le rappelle Peter Kyle, s'il existe de nombreuses suppositions sur l'impact des réseaux sociaux sur les jeunes, "il n'y a pas de preuves solides et validées par des pairs". Une interdiction pure et simple devra donc s'appuyer sur une base factuelle indiscutable.
Une loi sur la sécurité en ligne en préparation
Cette annonce intervient alors que le Royaume-Uni peaufine son Online Safety Act, une loi sur la sécurité en ligne qui doit responsabiliser les plateformes. Le texte, adopté par le Parlement l'an dernier, cible un large spectre de dérives : du cyberharcèlement aux discours haineux, en passant par la désinformation illégale ou le revenge porn.
Son application effective est prévue au printemps 2025, sous la houlette du régulateur Ofcom, qui pourra infliger des amendes jusqu'à 10% du chiffre d'affaires mondial aux entreprises technologiques récalcitrantes.
Cinq priorités stratégiques pour l'Online Safety Act
En amont, le DSIT vient de définir cinq priorités stratégiques qui guideront Ofcom dans sa mission :
- La sécurité dès la conception, en particulier pour les enfants.
- La transparence et la responsabilité des plateformes.
- Une approche réglementaire agile face aux dangers émergents.
- L'inclusivité et la résilience du monde numérique.
- L'innovation technologique au service de la sécurité des utilisateurs.
Le partage d'images intimes sans consentement érigé en "délit prioritaire"
Parmi les nouvelles dispositions, le revenge porn figure désormais parmi les "délits prioritaires". Les plateformes devront activement prévenir la diffusion d'images intimes sans le consentement des personnes, sous peine de lourdes amendes.
Des milliers et des milliers de femmes sont désormais protégées, épargnées par la dégradation, l'humiliation, et parfois les pensées suicidaires provoquées par ces pratiques.
– Peter Kyle, secrétaire britannique à la technologie
Désinformation illégale dans le viseur
La désinformation est également ciblée. Suite à des émeutes "alimentées par des informations erronées en ligne" l'été dernier, le gouvernement souhaite muscler les pouvoirs de l'Online Safety Act sur ce front.
Les plateformes devront mettre en place des outils robustes pour minimiser ces contenus problématiques, tout en préservant la liberté d'expression. Un équilibre délicat mais crucial face à la montée des menaces informationnelles, souligne le DSIT.
Des géants de la tech dans l'expectative
Sanctions financières, transparence accrue, lutte anti-désinformation… Meta, TikTok, Snapchat et consorts sont prévenus : le Royaume-Uni entend faire figure de pionnier mondial en matière de régulation des réseaux sociaux. Avec en ligne de mire, la protection de sa jeunesse numérique.
Une interdiction pure et simple des réseaux sociaux aux moins de 16 ans ? La possibilité est désormais officiellement sur la table outre-Manche. Elle pourrait faire tâche d'huile chez les voisins européens, eux aussi pressés de dompter les dérives du web.
