Le Royaume-Uni Mise sur l’IA pour son Renouveau National
Dans une course effrénée pour dominer le secteur de l'intelligence artificielle (IA), le gouvernement britannique vient d'annoncer un plan ambitieux baptisé "Plan for Change". Fini les mises en garde sur les dangers de l'IA, place aux investissements massifs pour faire du Royaume-Uni le leader mondial du domaine. Un pari risqué qui soulève autant d'espoirs que d'inquiétudes.
Un plan d'investissement tous azimuts
Le "Plan for Change" se veut un véritable électrochoc pour propulser le Royaume-Uni à l'avant-garde de l'IA. Au programme :
- Un investissement majeur dans l'IA pour accélérer les services publics
- La création de zones de croissance IA pour développer des infrastructures dédiées (data centers, centres de R&D...)
- 14 milliards de livres d'investissements privés et 13 250 emplois promis par les géants de la tech
Parmi les premières mesures concrètes, on note la désignation de Culham dans l'Oxfordshire comme première "zone de croissance IA", une capacité de calcul public multipliée par 20, un nouveau superordinateur et une Bibliothèque Nationale des Données pour alimenter le développement de l'IA.
La course mondiale à l'IA
Avec ce plan, le Royaume-Uni espère bien rattraper son retard sur les États-Unis et la Chine, leaders incontestés du secteur. Comme le souligne le Premier ministre Keir Starmer :
L'intelligence artificielle va générer des changements incroyables dans notre pays. Mais l'industrie de l'IA a besoin d'un gouvernement à ses côtés, qui ne restera pas les bras croisés. Dans un monde de concurrence féroce, nous ne pouvons pas rester immobiles.
Keir Starmer, Premier ministre britannique
Le Royaume-Uni mise sur ses atouts, comme la présence de pépites comme DeepMind (racheté par Google) ou ARM, ainsi que sa recherche académique de pointe, pour devenir un acteur incontournable. L'objectif est de créer un écosystème favorable aux startups IA et d'attirer les investissements étrangers.
Des inquiétudes éthiques balayées
Ce qui frappe dans ce plan, c'est l'absence totale de référence aux enjeux éthiques et aux risques liés à l'IA, pourtant au cœur des débats ces dernières années. Le gouvernement semble faire fi des mises en garde sur les biais, la surveillance de masse ou encore les deepfakes.
Un revirement étonnant quand on sait que le Royaume-Uni s'était positionné en champion de "l'IA éthique" en 2023. Les impératifs économiques semblent avoir pris le pas sur les considérations morales dans cette nouvelle doctrine.
L'IA, remède miracle pour l'économie britannique ?
Au-delà de la souveraineté technologique, le gouvernement voit dans l'IA un levier de croissance providentiel pour redynamiser une économie à la peine depuis le Brexit. Les retombées en termes d'emplois, d'investissements et de gains de productivité dans les services publics sont très attendues.
Mais les experts appellent à la prudence. Si l'IA ouvre de formidables opportunités, elle s'accompagne aussi de défis sociétaux et économiques majeurs qu'il ne faudra pas négliger, sous peine de lendemains difficiles.
Le pari de l'IA est lancé outre-Manche. Seul l'avenir nous dira s'il s'agit d'un coup de poker gagnant ou d'une fuite en avant irresponsable. Une chose est sûre : le Royaume-Uni joue gros dans cette partie d'échecs géopolitique et économique. Espérons que l'éthique ne sera pas sacrifiée sur l'autel de la compétitivité.
