Le Syndicat de Samsung Organise sa Première Journée de Grève
C'est un évènement historique qui s'est déroulé ce vendredi 7 juin en Corée du Sud. Pour la première fois, le syndicat de Samsung Electronics a organisé une journée de grève nationale. Baptisé NSEU, ce syndicat qui revendique 28 000 membres, soit un cinquième des effectifs du géant coréen, a appelé les salariés à cesser le travail pour demander des hausses de salaires et de meilleures conditions.
Si cette grève ne devrait pas avoir d'impact immédiat sur la production ou les livraisons du numéro un mondial des semi-conducteurs, elle intervient à un moment charnière pour Samsung. Le groupe est en effet engagé dans une course contre la montre pour rattraper son retard dans le domaine des puces utilisées pour l'intelligence artificielle. Des composants clés pour les futures innovations technologiques dans lesquels des concurrents comme TSMC ou Nvidia ont pris une longueur d'avance.
Le réveil du géant coréen
Malgré des résultats records ces dernières années, les salariés de Samsung jugent qu'ils ne profitent pas suffisamment des fruits de la croissance. Le NSEU réclame une hausse des salaires de 10% quand la direction propose 5,1%. Au-delà, les grévistes demandent plus de transparence sur les bonus et une journée de congé supplémentaire.
L'objectif de la grève aujourd'hui est d'avoir une importante conversation avec la direction.
Lee Hyun-kuk, représentant du NSEU
Cette mobilisation inédite montre que même dans une entreprise réputée pour sa culture d'entreprise conservatrice comme Samsung, les lignes bougent. Sous la pression d'une nouvelle génération plus revendicative et d'un marché du travail tendu, le management va devoir s'adapter.
Des innovations qui nécessitent des talents
Pour rester dans la course aux semi-conducteurs et à l'edge computing, Samsung doit en effet attirer et fidéliser les meilleurs ingénieurs et chercheurs. Des profils très demandés par les géants de la Silicon Valley ou les startups technologiques chinoises qui n'hésitent pas à surenchérir sur les salaires et les avantages. En 2018 déjà, Samsung avait dû augmenter de 20% le salaire de ses ingénieurs en R&D pour endiguer les départs.
Au-delà de l'aspect financier, l'entreprise va aussi devoir repenser son mode de management pour s'adapter aux aspirations des jeunes talents :
- Plus d'autonomie et de responsabilités
- Des projets innovants et stimulants
- Un meilleur équilibre vie pro/vie perso
- Des bureaux modernes et conviviaux
Vers un nouveau modèle managérial ?
Si elle est encore minoritaire chez Samsung, la création du NSEU en 2019 a marqué une rupture dans la culture d'entreprise coréenne traditionnellement hostile aux syndicats. Cela témoigne d'un besoin de dialogue social et de représentation des salariés y compris dans les fleurons de l'industrie.
Pour le laboratoire de l'innovation qu'est Samsung, c'est peut-être l'occasion d'expérimenter un nouveau modèle d'entreprise, plus horizontal et participatif. Un management « à la coréenne » qui ferait la synthèse entre l'excellence technologique et le respect des hommes et des femmes qui la rendent possible. De quoi inspirer bien d'autres entreprises à l'heure où la quête de sens et de responsabilité devient centrale pour les talents du monde entier.