Le Titane Russe Reste Crucial pour l’Industrie Aéronautique Européenne
La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont mis en lumière la dépendance critique de l'industrie aéronautique européenne envers le titane russe. Malgré les déclarations volontaristes des avionneurs comme Airbus sur leur capacité à se passer rapidement de cet approvisionnement, force est de constater que le sevrage est plus compliqué que prévu.
Le titane russe, un métal stratégique difficilement remplaçable
Le titane est un métal léger et ultra-résistant, indispensable à la fabrication des avions modernes. La Russie, et en particulier l'entreprise VSMPO-Avisma, est le leader mondial de la production de titane aéronautique. Éponges, lingots, produits semi-finis : difficile pour les avionneurs de se passer de cet approvisionnement crucial, d'autant plus que les stocks ont été mis à mal par la crise du Covid-19.
Il y a des goulets d'étranglement partout, y compris en aval... L'industrie ne peut pas répondre à ses besoins sans VSMPO pour l'instant.
– Aurélien Reys, analyste au BRGM
Des alternatives limitées à court et moyen terme
Si le Japon produit à plein régime et qu'une usine saoudienne monte en puissance, cela ne suffit pas à combler les besoins. Airbus admet à demi-mot son échec à se passer rapidement du titane russe et indique avoir des stocks stratégiques pour 6 à 12 mois selon les produits. La certification de nouveaux fournisseurs prend plusieurs années, ce qui limite les alternatives à court terme.
Vers une dépendance accrue à la Chine ?
La tendance est à une diversification des approvisionnements... mais essentiellement au profit de la Chine. Un transfert de dépendance guère plus rassurant. En France, des projets comme le recyclage de titane d'Aubert & Duval avancent prudemment, sans garantie de pouvoir répondre aux besoins.
Le cas du titane illustre la complexité pour l'industrie européenne de sécuriser ses approvisionnements en métaux critiques dans un contexte géopolitique tendu. Les bonnes volontés se heurtent aux réalités industrielles et à l'inertie des certifications aéronautiques. Un défi stratégique pour la souveraineté européenne.
