Le transport maritime conteneurisé navigue en eaux troubles en 2024
Qui aurait pu prédire un tel retournement de situation pour le transport maritime de conteneurs en cette année 2024 ? Après une dégringolade des taux de fret fin 2022, les experts pariaient sur une année morose. C'était sans compter sur un contexte international en ébullition qui rebat les cartes.
Une hausse spectaculaire des taux de fret
Entre l'Asie et l'Europe, les taux grimpent à des niveaux inattendus, oscillant entre 7500 et 8000 dollars pour un conteneur de 40 pieds. Un bond étonnant quand on se souvient qu'ils plafonnaient à 1400 dollars en décembre dernier. Si on reste loin des records de 2022, l'impact sur le prix final des produits reste contenu, le transport maritime ne pesant que 1 à 3%.
Une crise internationale paralyse le canal de Suez
Le premier facteur expliquant cette flambée : le blocage du canal de Suez suite au conflit dans la bande de Gaza et aux attaques houthies en mer Rouge. Résultat, les trajets Asie-Europe s'allongent de 35-40 à 50 jours en passant par le cap de Bonne-Espérance. Malgré les livraisons de nouveaux porte-conteneurs, cette route absorbe les capacités supplémentaires.
Les prix vont continuer à augmenter tant que la crise se poursuivra. Jusqu'à quand, on ne sait pas trop.
Arthur Barillas, DG d'Ovrseas
El Niño assèche le canal de Panama
Autre point noir : la sécheresse et El Niño perturbent le trafic sur le canal de Panama, où transite 5% du commerce mondial. Un phénomène qui devrait s'aggraver avec le réchauffement climatique, malgré les espoirs placés dans le retour de La Niña en 2025.
Les stocks à reconstituer d'urgence
Après une phase d'ajustement des stocks fin 2022 face à une consommation atone, les importateurs doivent désormais se réapprovisionner dans l'urgence. S'y ajoutent des commandes anticipées pour Halloween et Noël face aux incertitudes sur les routes et aux tensions sino-américaines. La Chine pousse aussi sa production à fond pour faire tourner la machine.
Il existe un réel effet de masse. Tous les acteurs s'entraînent dans un sens ou dans l'autre.
Une source proche des armateurs
Vents porteurs pour les armateurs, pas pour tous
Si les chargeurs trinquent sur les délais, les armateurs retrouvent des marges confortables au-dessus des 2000-2200 dollars, leur seuil de rentabilité. Maersk a ainsi revu ses prévisions 2024 à la hausse. Par contre, pour les commissionnaires, ces hausses ne sont pas bénéfiques et créent des tensions avec des clients qui paient plus cher. La vague est loin d'être porteuse pour tous les maillons de la chaîne.
Malgré les remous actuels, impossible de prédire quand la mer sera plus clémente. Une seule certitude : dans ce monde interdépendant, la moindre secousse géopolitique ou climatique peut venir ébranler en profondeur les fondations du commerce mondial. Le transport maritime en fournit une illustration éclatante.