Le vaisseau spatial Dream Chaser absent du prochain lancement Vulcan
L'année 2024 s'annonçait riche en événements pour Sierra Space et son vaisseau spatial Dream Chaser. Mais un premier contretemps vient de survenir. La société a en effet annoncé mercredi que son appareil ne participera finalement pas au second lancement du nouveau lanceur Vulcan Centaur de United Launch Alliance (ULA), initialement prévu en septembre prochain.
Selon Tory Bruno, le PDG d'ULA, Sierra Space a informé sa compagnie qu'il existait un « risque significatif » de ne pas être prêt à temps pour respecter la date de lancement visée. Dream Chaser a donc décidé de « se retirer » afin de permettre à ULA d'avancer sur le processus de certification de son lanceur auprès du Département de la Défense américain (DoD). Un enjeu crucial pour le futur de Vulcan.
Un lancement test déterminant pour Vulcan
En effet, ce second vol est une étape clé avant que la nouvelle fusée puisse être autorisée à réaliser des missions de sécurité nationale pour le compte du DoD, un marché sur lequel ULA occupe historiquement une place de choix. Le premier lancement de Vulcan a eu lieu en début d'année avec succès.
Pour remplacer Dream Chaser, ULA a indiqué qu'une charge utile inerte serait embarquée. La société prévoit également de lancer des « expériences et démonstrations technologiques », sans plus de précisions pour le moment. Au moins deux autres missions Vulcan sont encore prévues d'ici la fin de l'année, les premières d'une longue série de lancements de sécurité nationale que le DoD a attribué à ULA.
Dream Chaser toujours sur les rails
Du côté de Sierra Space, on assure que ce contretemps ne remet pas en cause les ambitions à court terme pour Dream Chaser. Le premier exemplaire opérationnel de l'appareil, baptisé Tenacity, reste sur les rails pour réaliser son vol inaugural avant la fin de l'année.
Le vaisseau cargo et son module logistique expendable Shooting Star ont achevé en mai dernier une série de tests environnementaux destinés à s'assurer de leur résistance aux conditions extrêmes rencontrées lors du lancement et en orbite. Ils ont ensuite été livrés au Centre Spatial Kennedy de la NASA en Floride où ils subissent actuellement les dernières vérifications avant le décollage tant attendu.
Un « mini-shuttle » privé prometteur
Contrairement aux autres vaisseaux cargo privés comme les capsules Dragon de SpaceX ou Starliner de Boeing, le Dream Chaser se distingue par sa capacité à atterrir de façon classique sur une piste, à la manière des navettes spatiales de la NASA. Long d'environ 9 mètres, il est conçu pour transporter du fret vers la Station Spatiale Internationale dans le cadre d'un contrat Commercial Resupply Services (CRS-2) signé avec l'agence spatiale américaine en 2016.
Bien que son développement ait pris du retard, avec des premiers vols initialement espérés dès 2019, Dream Chaser suscite beaucoup d'attentes. Pour sa mission inaugurale, il doit livrer plus de 3,5 tonnes de cargo à l'ISS et y rester amarré durant 45 jours, avant de revenir se poser en Floride pour être réutilisé. Au total, Sierra Space doit réaliser au moins 7 missions de ravitaillement dans le cadre de son contrat CRS-2.
De grandes ambitions pour Sierra Space
Mais le mini-shuttle n'est qu'une première étape dans la stratégie de Sierra Space. La startup travaille aussi sur une version habitée de Dream Chaser pouvant transporter des astronautes, ainsi que sur un grand module gonflable pouvant servir de station spatiale privée en orbite basse.
Pour financer ses différents projets spatiaux, la société a déjà levé 1,7 milliard de dollars. Des moyens conséquents qui témoignent de la confiance des investisseurs dans le potentiel de cette jeune pousse prometteuse, bien déterminée à se faire une place sur le bouillonnant marché des vols spatiaux privés.
Malgré ce petit report, nul doute que Sierra Space et son Dream Chaser seront à suivre de très près dans les mois à venir. La nouvelle ère des « mini-shuttles » privés est peut-être sur le point de décoller !