L’échec de l’éducation mathématique en France

Les résultats de la dernière enquête TIMSS sur le niveau en mathématiques des élèves font l'effet d'une douche froide. Malgré les alertes répétées depuis des années, la France n'a enregistré aucun progrès et reste à la traine des pays européens et de l'OCDE. Plus inquiétant encore, les inégalités s'accentuent, qu'elles soient liées à l'origine sociale ou au genre. Un bilan catastrophique qui en dit long sur l'état de notre système éducatif et appelle des réformes en profondeur.

La France, lanterne rouge de l'Europe en mathématiques

Avec un score de seulement 484 points pour les élèves de CM1, soit 40 points en-dessous de la moyenne européenne, la France s'enfonce dans les profondeurs du classement TIMSS. Elle est dernière des pays de l'Union Européenne et avant-dernière de l'OCDE, seulement devant le Chili. Les meilleurs élèves français sont très loin du niveau atteint dans les pays asiatiques comme Singapour et la Corée du Sud.

Une position peu enviable qui perdure malgré de nombreux signaux d'alarme tirés ces dernières années. Déjà il y a quatre ans, la France était en queue de peloton. Des résultats un peu moins mauvais pour les élèves de 4e ne peuvent cacher une absence totale de progrès. La seule "excuse" avancée par le ministère - l'enseignement plus tardif des fractions et nombres décimaux - ne tient pas face à l'ampleur de l'échec.

Un pays profondément inégalitaire

Au-delà du niveau général très faible, l'enquête TIMSS met en lumière de profondes inégalités dans l'Hexagone. Parmi les pays de l'OCDE, la France est celui où le score des élèves est le plus corrélé à leur origine sociale. Entre un élève issu d'un milieu très modeste et un autre très favorisé, l'écart atteint 81 points. Un gouffre. C'est comme s'ils avaient plusieurs années de décalage en mathématiques !

L'autre fracture qui s'aggrave dangereusement concerne les filles et les garçons. Notre pays détient le triste record de l'OCDE pour les inégalités de genre en mathématiques. Et le phénomène prend de l'ampleur : en quatre ans, l'écart de performance entre les filles et les garçons est passé de 10 à 23 points. Il est présent quel que soit le milieu social.

Les raisons d'un échec annoncé

Les causes de ce naufrage ne sont pas nouvelles. On peut citer :

• Les stéréotypes de genre encore très présents et un manque de confiance des filles en leurs capacités en maths
• Des professeurs des écoles qui ne sont pas toujours à l'aise avec les mathématiques
• Une approche trop abstraite qui perd de nombreux élèves en route
• Des programmes constamment modifiés au gré des alternances politiques

Face à ce constat implacable, il est grand temps de donner un vrai coup de barre, en misant sur une pédagogie plus concrète et progressive, une revalorisation de l'enseignement des maths, et un combat acharné contre les stéréotypes et inégalités. Des mesures de bon sens mais qui se font attendre, au détriment de générations d'élèves sacrifiées. Les perpétuels changements de ministres de l'Éducation nationale n'aident pas à fixer un cap clair et ambitieux. Pourtant, c'est un enjeu majeur pour l'avenir de notre société et de notre économie.

"L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde."

Nelson Mandela

Il est plus que temps d'investir massivement dans la formation mathématique de nos élèves. Pour faire mentir les sombres prédictions de cette énième étude alarmiste et offrir à chaque enfant, fille ou garçon, les mêmes chances de réussite. La clé de leur avenir et de celui de notre pays.