L’économie Allemande Face aux Défis de la Contraction en 2024
L'économie allemande, locomotive de l'Europe, devrait connaître une contraction de 0,2% en 2024 selon les dernières prévisions du ministère de l'Économie. Cette projection, plus pessimiste que les attentes précédentes d'une croissance de 0,3%, confirme les inquiétudes exprimées fin septembre par les principaux instituts économiques du pays. Si elle se confirme, 2024 marquera la deuxième année consécutive de recul pour la première puissance économique du Vieux Continent.
Des instituts économiques sonnent l'alarme
Fin septembre, un coup de tonnerre a secoué le landerneau économique allemand. Les principaux instituts du pays, dont les renommés Ifo, DIW ou encore RWI, ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2024 dans leurs projections d'automne. Leur verdict : une contraction de 0,1% du PIB au lieu d'une timide progression anticipée jusqu'ici.
Ces organismes, dont les analyses sont très suivies outre-Rhin, ont mis en lumière les vents contraires qui s'abattent sur l'économie nationale. Parmi eux, les tensions géopolitiques, la flambée des prix de l'énergie, les difficultés d'approvisionnement ou encore le manque de main d'œuvre qualifiée. Autant de défis qui pèsent sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d'achat des ménages.
Le ministère confirme le scénario noir
C'est dans ce contexte morose que le ministère de l'Économie a confirmé lundi une contraction plus marquée qu'attendu, de l'ordre de 0,2%. Un porte-parole a indiqué que le gouvernement s'appuyait sur les projections combinées des instituts pour établir sa propre feuille de route. Tout en précisant que ces perspectives ne se résumaient pas à "trois ou quatre chiffres", mais reflétaient une "évaluation globale" de la situation.
"Les projections d'automne ne se résument pas seulement à ces trois ou quatre chiffres qui ont été mentionnés. Il s'agit d'une évaluation globale de la situation économique, des perspectives économiques."
Un porte-parole du ministère de l'Économie
Cette révision à la baisse des prévisions gouvernementales intervient alors que l'Allemagne a déjà subi un recul de 0,2% de son PIB en 2023. Une contre-performance qui tranche avec les années précédentes, marquées par une croissance solide malgré les soubresauts de la pandémie de Covid-19.
Quelles perspectives pour le modèle allemand ?
Au-delà des chiffres, c'est bien le modèle économique allemand qui semble vaciller sur ses bases. Fondé sur les exportations, il pâtit de la dégradation de l'environnement international et des tensions commerciales. Dans le même temps, le marché intérieur s'essouffle, pénalisé par une inflation élevée et des pénuries de main-d'œuvre.
Pour autant, tout n'est pas noir dans le tableau. L'Allemagne peut s'appuyer sur des fondamentaux solides, à commencer par des entreprises mondialement reconnues pour leur savoir-faire industriel et leur capacité d'innovation. Le pays conserve aussi des atouts structurels, comme des infrastructures de qualité et un tissu dense de PME performantes (le fameux Mittelstand).
Mais pour renouer avec une croissance durable et inclusive, des réformes semblent incontournables. Plusieurs pistes sont évoquées par les experts :
- Stimuler l'investissement, notamment dans la transition énergétique et numérique
- Miser sur la montée en gamme et l'innovation pour maintenir un avantage compétitif
- Fluidifier le marché du travail et attirer les talents pour répondre aux besoins des entreprises
- Favoriser la consommation intérieure via des hausses de salaires et une fiscalité incitative
Alors que les nuages s'amoncellent sur la première économie européenne, l'enjeu est de taille. Il en va de la capacité de l'Allemagne à surmonter ce trou d'air et à se réinventer pour rester dans la course. Un défi qui interpelle au-delà du Rhin, tant le pays demeure un moteur essentiel de la croissance et de la stabilité du Vieux Continent. Les prochains mois seront décisifs pour prendre la mesure des difficultés et y apporter des réponses structurelles. Le rendez-vous est pris.