L’Économie de Guerre Relance l’Industrie

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août 6, 2025

L’Économie de Guerre Relance l’Industrie

En juin 2022, un discours présidentiel a secoué l’industrie française de la défense. Lors du salon Eurosatory, Emmanuel Macron a appelé à une économie de guerre, un virage radical pour produire plus et plus vite. Trois ans plus tard, les usines d’armement françaises tournent à plein régime, transformant des décennies de cycles longs en une course contre la montre. Mais comment les industriels ont-ils relevé ce défi ? Cet article plonge dans les coulisses de cette révolution industrielle, entre investissements massifs, agilité et relocalisation.

Une Industrie en Mutation

Face à l’appel présidentiel, les industriels de la défense ont dû repenser leurs processus. Longtemps habitués à des programmes s’étendant sur des décennies, ils font aujourd’hui face à une demande urgente. La guerre en Ukraine a révélé une réalité : les conflits modernes consomment des quantités massives de munitions et d’équipements. Les usines, autrefois secondaires face aux bureaux d’études, sont devenues le cœur de cette transformation.

« Nous entrons dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes et les montées en charge. »

– Emmanuel Macron, Eurosatory 2022

Ce changement de paradigme a poussé la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) à s’adapter. Composée de grands groupes comme Thales, Safran ou Dassault Aviation, et de milliers de PME, cette base doit désormais synchroniser ses efforts. Mais accélérer la production d’équipements complexes, comme un avion Rafale nécessitant 36 mois de fabrication, est un défi titanesque.

Des Cadences en Forte Hausse

Les résultats sont là. En trois ans, plusieurs usines ont multiplié leurs capacités. À Limours, Thales a triplé la production de radars antiaériens entre 2022 et 2024. À Selles-Saint-Denis, MBDA produit désormais 40 missiles Mistral par mois, contre 10 en 2022. Safran, à Montluçon, a livré 600 bombes guidées AASM pour le Rafale en 2024, contre 240 deux ans plus tôt. Ces chiffres illustrent une montée en puissance impressionnante.

Comment expliquer cette accélération ? Les industriels ont investi massivement, parfois à leurs risques. Par exemple, KNDS a anticipé en commandant 300 ébauchés métalliques pour ses canons Caesar, sans garantie de contrats. Résultat : 43 canons produits en 2024, contre 15 par an auparavant. Cette prise de risque, évaluée à 500 millions d’euros, montre l’engagement des acteurs.

La Relocalisation, un Enjeu Stratégique

Un des succès majeurs de cette transformation est la relocalisation de certaines productions stratégiques. L’exemple d’Eurenco à Bergerac est emblématique. Après des années de dépendance étrangère, l’usine produit désormais 1200 tonnes de poudre gros calibre par an. Cela équivaut à 100 000 obus, un volume crucial pour soutenir les besoins militaires.

« La relocalisation à Bergerac marque un tournant pour notre souveraineté industrielle. »

– Responsable d’Eurenco, 2024

Cette relocalisation s’accompagne d’une mobilisation de toute la chaîne d’approvisionnement. Avec 4500 PME et ETI impliquées, la synchronisation est complexe. Dassault Aviation, par exemple, doit coordonner 400 sous-traitants pour produire un Rafale. « Une simple vis manquante peut bloquer une livraison », souligne Éric Trappier, PDG de l’entreprise.

Investissements et Agilité Industrielle

Pour répondre à cette urgence, les industriels ont débloqué des fonds colossaux. MBDA, par exemple, a investi 2,4 milliards d’euros, dont 1 milliard en France, pour moderniser ses usines. Ces efforts permettent de doubler la production de missiles d’ici 2025. De son côté, Thales a transformé son usine de Pont-Audemer, passant d’une production de puces civiles à des cartes électroniques pour la défense, avec un objectif de 25 000 unités par an d’ici 2027.

  • Thales : Triplement de la production de radars à Limours.
  • MBDA : De 10 à 40 missiles Mistral par mois.
  • Safran : 600 bombes AASM en 2024, contre 240 en 2022.
  • Eurenco : 1200 tonnes de poudre pour 100 000 obus par an.

Ces transformations ne se font pas sans défis. Recruter des talents qualifiés, synchroniser les sous-traitants et anticiper les commandes restent des obstacles majeurs. Pourtant, l’agilité des industriels impressionne, portée par une volonté de répondre aux enjeux géopolitiques.

Le Rôle de l’État et de la DGA

L’État joue un rôle clé dans cette dynamique. La Direction Générale de l’Armement (DGA) pilote la BITD et passe des commandes massives : 45 milliards d’euros prévus en 2025, contre 10 milliards en 2017. Cette manne financière soutient les investissements et sécurise les prises de risque des industriels. Elle permet aussi de réduire les dépendances stratégiques, comme pour les poudres d’armement.

La DGA ne se contente pas de commander. Elle pousse les industriels à innover dans leurs processus. Par exemple, KNDS a optimisé ses lignes de production pour atteindre 100 000 obus par an, un triplement par rapport à 2022. Cette collaboration étroite entre l’État et les industriels est un moteur de la réussite.

Vers un Nouveau Modèle Industriel

L’économie de guerre redéfinit l’industrie de la défense. Les usines, autrefois en retrait, sont désormais au centre des priorités. Cette transformation ne concerne pas seulement les grands groupes. Les PME et start-ups de la BITD jouent un rôle crucial, apportant agilité et innovation. Par exemple, des start-ups développent des drones ou des technologies de cybersécurité, intégrés dans les grands programmes militaires.

Ce virage s’inscrit dans une logique de souveraineté industrielle. En relocalisant et en augmentant les cadences, la France renforce son autonomie stratégique. Mais ce marathon est loin d’être terminé. Les industriels doivent continuer à investir, recruter et innover pour répondre à des besoins croissants.

Les Défis à Venir

Si les progrès sont indéniables, des défis persistent. La synchronisation des sous-traitants reste un point critique. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée freine certaines usines. Enfin, la dépendance à certaines matières premières, bien que réduite, n’a pas disparu. Ces obstacles exigent une vigilance constante.

« L’économie de guerre n’est pas un sprint, c’est un marathon. »

– Nicolas Chamussy, Directeur Général de KNDS France

Pour relever ces défis, les industriels explorent de nouvelles solutions. L’intégration de l’intelligence artificielle pour optimiser les chaînes de production ou l’utilisation de technologies additives, comme l’impression 3D, pourraient accélérer les processus. Les start-ups, avec leur agilité, seront des alliées précieuses dans cette transition.

Un Modèle pour l’Avenir ?

L’économie de guerre pourrait inspirer d’autres secteurs. Les leçons tirées – agilité, anticipation, relocalisation – sont applicables à l’industrie civile. Par exemple, les méthodes de production accélérée développées pour les obus pourraient bénéficier à l’automobile ou à l’énergie. Cette transformation marque un tournant pour l’industrie française, qui retrouve une place stratégique.

En conclusion, l’appel à l’économie de guerre a secoué l’industrie de la défense, la poussant à se réinventer. Les cadences accrues, les investissements massifs et la relocalisation témoignent d’une mobilisation sans précédent. Mais le chemin est encore long. Dans un monde géopolitique instable, cette transformation est plus qu’une nécessité : c’est une question de souveraineté.

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