
L’économie russe face aux défis de 2025 : quels risques ?
L'économie russe pourrait connaître de sérieuses turbulences en 2025 selon les récents rapports de la Banque centrale et du ministère de l'économie russes. Parmi les principaux risques identifiés : la baisse des cours du pétrole, des contraintes budgétaires plus fortes et une fragilisation de la situation financière des entreprises.
Le spectre d'un effondrement des prix du pétrole
Le talon d'Achille de l'économie russe reste sa dépendance aux exportations d'hydrocarbures. Avec près d'un tiers des recettes fiscales directement indexées sur le niveau des cours pétroliers, le pays est vulnérable à une éventuelle dégringolade des prix. Un scénario que n'exclut pas la Banque centrale, pointant les risques d'une hausse de la production américaine et d'un relèvement des volumes extraits par les pays de l'OPEP.
Dans ce contexte, le déficit budgétaire russe qui s'est déjà envolé à plus de 18 milliards d'euros rien que sur le mois de janvier, pourrait devenir difficilement soutenable. Et ce d'autant plus que les réserves du fonds souverain continuent de fondre à vitesse grand V, passant de 108 milliards d'euros début 2022 à seulement 36 milliards en ce début 2025.
Resserrement budgétaire et durcissement monétaire
Pour faire face, le gouvernement n'aura d'autre choix que de serrer la vis budgétaire. Mais à quel prix ? S'alarme le ministère de l'économie dans son rapport. Le maintien de taux d'intérêt à 21% plombe déjà lourdement les volumes de crédits et d'investissements. Une situation qui érode les perspectives de croissance à moyen-terme du pays.
Un déficit d'investissement aujourd'hui est un déficit de croissance dans deux à trois ans.
– Rapport du ministère de l'économie russe
Des entreprises russes sous pression
Au-delà des contraintes de financement, les entreprises russes doivent composer avec une explosion de leurs coûts. Sous l'effet conjugué des tensions sur les marchés du travail, de la hausse des tarifs douaniers, des charges d'intérêts et des impôts, leurs surcoûts pourraient représenter près de 45% du volume d'investissements réalisé en 2024 !
Autre sujet d'inquiétude : le risque d'un tassement de la demande, tant sur le plan domestique qu'à l'international, qui viendrait rogner les marges bénéficiaires. Dans ce contexte tendu, des défauts plus nombreux ne sont pas à exclure, alertent les autorités. La hausse des prêts non-performants guette.
Poutine de plus en plus préoccupé
Si officiellement Vladimir Poutine se veut rassurant, vantant la résilience de l'économie russe malgré les sanctions internationales, en coulisses, le président s'alarmerait de plus en plus des distorsions déclenchées par la guerre en Ukraine. Entre pénuries de main d'œuvre, faiblesse du rouble et taux d'intérêt au plus haut depuis 20 ans, les perspectives économiques s'assombrissent.
2025 s'annonce donc comme une année charnière, à hauts risques pour l'économie russe. L'équation budgétaire va se tendre comme jamais, entre baisse potentielle des revenus pétroliers et nécessaire soutien aux entreprises et ménages. L'enjeu : éviter que le ralentissement économique ne se transforme en une récession durable, aux lourdes conséquences sociales et politiques pour le Kremlin.