L’élan des marchés peut-il résister aux turbulences géopolitiques ?
Alors que les marchés financiers semblaient avoir retrouvé un certain élan après des années de crise, les tensions géopolitiques grandissantes viennent assombrir les perspectives économiques mondiales. La montée des populismes, le spectre d'une Europe fragmentée, les rivalités sino-américaines... Autant de facteurs qui suscitent l'inquiétude des investisseurs et menacent la stabilité des places boursières. Faut-il craindre un krach généralisé ou les marchés sauront-ils résister à ces turbulences ? Décryptage d'une situation complexe et incertaine.
2024, une année électorale à haut risque
L'année 2024 est marquée par une série d'échéances électorales majeures aux quatre coins du globe. Taïwan, Europe, États-Unis... Les urnes pourraient bien redistribuer les cartes géopolitiques et bousculer les équilibres économiques actuels. Retour du protectionnisme, tensions autour de Taïwan, montée de l'extrême-droite en Europe... Les motifs d'inquiétude ne manquent pas pour les acteurs des marchés.
L'ensemble des politiques économiques de Trump seront probablement inflationnistes, qu'il s'agisse de baisses d'impôts, sur l'immigration ou le rapatriement de la base industrielle, ce qui fait pression sur le dollar.
Prashant Kothaari, directeur général chez Alpha Alternatives
Le risque d'une Amérique plus isolationniste
Aux États-Unis, la tentative d'assassinat contre Donald Trump a paradoxalement renforcé sa candidature, faisant craindre un virage protectionniste en cas de victoire aux élections de novembre. Une Amérique repliée sur elle-même et moins engagée pour la sécurité de ses alliés comme Taïwan pourrait déstabiliser certains secteurs clés comme celui des semi-conducteurs.
L'Europe face au spectre du populisme
Sur le Vieux Continent aussi, les dernières élections nourrissent les inquiétudes, avec la montée de l'extrême-droite en France et l'incertitude politique en Italie. Une Europe fragmentée et fragilisée fait peser un risque sur la croissance de la zone et sur la pérennité même de la construction européenne.
Taïwan, au cœur des rivalités sino-américaines
L'élection d'un président pro-indépendance à Taïwan a ravivé les tensions avec la Chine continentale. L'île, qui abrite une industrie stratégique des semi-conducteurs, cristallise la rivalité entre Washington et Pékin. Les investisseurs redoutent une escalade des tensions dans la région qui pourrait pénaliser les échanges commerciaux.
Anticiper les risques et saisir les opportunités
Face à ces menaces, les investisseurs tentent de s'adapter en réévaluant leurs portefeuilles et en se tournant vers des valeurs refuges comme l'or. Mais si la prudence est de mise, certains secteurs pourraient aussi tirer leur épingle du jeu dans ce contexte troublé.
Miser sur les secteurs défensifs et les valeurs refuges
Pour se prémunir contre les risques géopolitiques, beaucoup misent sur des secteurs défensifs comme la santé ou les biens de consommation, moins sensibles aux aléas conjoncturels. Les valeurs refuges traditionnelles comme l'or, le franc suisse ou les obligations d'état ont aussi le vent en poupe.
Profiter des opportunités liées aux nouvelles priorités
Les tensions géopolitiques actuelles vont probablement accélérer certaines tendances de fond comme la transition énergétique, la relocalisation industrielle ou le renforcement des budgets de défense. De quoi offrir des perspectives favorables aux entreprises positionnées sur ces enjeux, comme les énergies renouvelables ou l'industrie de l'armement.
Faire le pari des marchés émergents
Alors que les grandes puissances se livrent une guerre d'influence, certains pays émergents pourraient tirer profit de ce nouveau contexte en adoptant une position de neutralité. C'est le cas de l'Inde par exemple, qui attire de plus en plus d'investisseurs séduits par son potentiel de croissance dans un monde polarisé.
Pendant trente ans, les investisseurs ont profité de la plus importante période de mondialisation et de stabilité géopolitique jamais connue. Une nouvelle ère a débuté, et elle est plus risquée.
Michael Rosen, responsable des investissements chez Angeles Investments
La géopolitique sera sans nul doute l'un des facteurs déterminants des marchés financiers dans les années à venir. S'il est illusoire d'espérer un retour à la "grande modération" des décennies passées, les investisseurs peuvent néanmoins s'adapter en faisant preuve de flexibilité et de sélectivité dans leurs choix. Car comme le dit l'adage, "à quelque chose malheur est bon" et les périodes d'incertitude sont aussi porteuses d'opportunités pour qui sait les saisir au bon moment.
