L’emballage durable: Une priorité stratégique pour l’industrie
Dans un contexte économique morose, l'industrie française de l'emballage se mobilise pour relever le défi de la transition écologique et énergétique. Le Conseil national de l'emballage (CNE) et Evolis, l'organisation professionnelle des fabricants de machines de process et d'emballage, organisent un colloque d'envergure le 5 mars 2025 à Bercy. Sous le haut patronage du ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, cet événement intitulé « Emballons l'avenir : ensemble créons un futur durable et captivant ! » a pour ambition de rassembler les acteurs clés du secteur autour d'une feuille de route commune.
Un enjeu stratégique pour l'industrie française
L'emballage est bien plus qu'un simple contenant. Il remplit des fonctions essentielles en garantissant la préservation, la sécurité et la praticité des produits du quotidien. Des produits alimentaires aux cosmétiques en passant par la pharmacie, le luxe ou encore les biens de consommation, l'emballage est un maillon indispensable de nombreuses filières industrielles. Pourtant, il est encore trop souvent renvoyé à un simple statut de déchet.
En organisant ce colloque à Bercy, le CNE et Evolis souhaitent démontrer que l'emballage est un vecteur de souveraineté industrielle. L'enjeu est de taille : il s'agit d'assurer la pérennité d'une industrie de conditionnement localisée en France, au service de secteurs stratégiques comme l'agroalimentaire, la cosmétique ou la pharmacie.
Accélérer l'innovation et les investissements
Pour réussir la transition écologique et énergétique, l'industrie de l'emballage doit massivement innover et investir. De nombreuses pistes sont explorées pour développer des emballages plus durables :
- L'éco-conception pour réduire la quantité de matière utilisée et faciliter le recyclage
- L'utilisation de matériaux recyclés, biosourcés ou compostables
- Le développement de solutions de réemploi et de consigne
Mais dans un contexte économique tendu, comment financer ces nécessaires mutations ? C'est tout l'enjeu du colloque qui entend « favoriser les conditions de la transition » en créant un environnement propice à l'innovation et aux investissements.
Fédérer la filière autour d'une ambition commune
Au-delà des aspects technologiques et financiers, la transition écologique de l'emballage nécessite une mobilisation de l'ensemble de la chaîne de valeur. Des fabricants de matériaux aux entreprises utilisatrices en passant par les acteurs du recyclage, c'est toute une filière qui doit se fédérer autour d'une ambition commune.
Les emballages garantissent la préservation et la sécurité des produits que nous consommons au quotidien
Conseil national de l'emballage et Evolis
Le colloque a ainsi pour objectif de « créer la confiance » entre les parties prenantes en définissant une feuille de route partagée. Il s'agira également d'« engager les nouvelles générations » en travaillant sur l'attractivité des métiers de l'emballage, un secteur à fort potentiel d'innovation et de création de valeur.
Concilier impératifs écologiques et réalités économiques
Si la nécessité d'une transition écologique n'est plus à démontrer, sa mise en œuvre concrète se heurte à de nombreux défis. Entre un cadre réglementaire européen particulièrement complexe et les réalités économiques d'un secteur fragilisé, l'équation est délicate à résoudre.
Le règlement européen sur les emballages et les déchets d'emballages (PPWR) impose par exemple des objectifs ambitieux en termes de recyclage et de réemploi. Mais comment atteindre ces cibles dans un marché encore émergent et peu structuré ? En France, la loi AGEC (loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire) ajoute une couche de complexité avec des dispositions spécifiques comme l'extension des consignes de tri ou l'interdiction des emballages plastiques à usage unique pour certains fruits et légumes.
Face à ce mille-feuille réglementaire, les acteurs économiques peinent à trouver un modèle viable. Les récentes annonces de fermetures de sites et de suppressions d'emplois témoignent de la fragilité d'un secteur en pleine mutation. De l'abandon du projet de recyclage chimique d'Eastman à la suspension du partenariat entre Suez et Loop Industries en passant par les difficultés de Carbios ou le feuilleton de la papeterie Chapelle Darblay, les mauvaises nouvelles s'accumulent.
Dans ce contexte, le colloque devra trouver le bon équilibre entre ambition écologique et réalisme économique. Il s'agira de définir une trajectoire de transition à la fois ambitieuse et pragmatique, tenant compte des contraintes et des opportunités du secteur. C'est à ce prix que l'emballage, fonction essentielle de l'économie, pourra pleinement jouer son rôle dans la construction d'un avenir durable.