L’envol de l’IA au Canada : défis et opportunités
Montréal, épicentre de l'intelligence artificielle au Canada. En ce mois de septembre, l'effervescence règne au sein de la conférence ALL IN organisée par Scale AI. L'événement rassemble la crème des startups canadiennes à fort potentiel, bien décidées à relever les défis colossaux liés à la commercialisation et à l'adoption de leurs innovations en IA. En coulisses, l'atmosphère oscille entre fébrilité et inquiétude.
Car si le Canada s'enorgueillit de son leadership académique en matière d'IA, force est de constater que la réussite commerciale ne suit pas toujours. Les entrepreneurs canadiens peinent à trouver leur place sur l'échiquier mondial, entre géants américains et champions européens ou asiatiques. « Il y a un magnifique fossé entre la rapidité des avancées en IA et la capacité des grandes entreprises à suivre le rythme », résume Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI. Un fossé dans lequel tentent de s'engouffrer nos pépites locales.
Le casse-tête de la commercialisation
Premier obstacle de taille : la propriété intellectuelle. « Le Canada va perdre un nombre significatif d'entreprises IA dans les 5 prochaines années si elles ne parviennent pas à détenir et commercialiser leur PI », alerte Pape Wade, PDG d'Airudi. Une mise en garde lourde de sens, quand on sait le temps et les investissements pharaoniques nécessaires pour développer des algorithmes d'IA à la pointe.
Vendre à l'étranger, la solution ?
Face à ces écueils, certains comme BrainBox AI ont tranché : « Nous avons franchement abandonné l'idée de vendre au Canada, car nos clients corporatifs locaux accusent un retard énorme en R&D et en appétence pour le risque ». Cap donc sur les États-Unis et l'Europe, des marchés certes ultracompétitifs mais où la demande explose. Un exemple parmi d'autres de la fuite des cerveaux (et des innovations) qui menace l'écosystème IA canadien.
Des partenariats public-privé à renforcer
Autre levier à activer selon les fondateurs présents : une collaboration accrue entre le public et le privé. À l'image de l'ambitieuse Stratégie pancanadienne en matière d'IA pilotée par CIFAR, qui mobilise chercheurs, entreprises et décideurs autour d'une feuille de route commune. « Il faut démultiplier ce type d'initiatives pour créer un cercle vertueux entre recherche, innovation et commercialisation », plaide Hongwei Liu de Mappedin.
L'union fait la force
Enfin, dernier ingrédient du succès selon Sarah Legendre-Bilodeau de Videns Analytics : le réseautage et l'entraide entre startups IA. « Nous avons tous à gagner à mutualiser nos expériences, nos contacts, nos best practices pour grandir plus vite et plus fort ». Le fameux modèle du "coopétition", savant équilibre entre coopération et compétition, qui a fait les beaux jours de la Silicon Valley.
Le Canada a une opportunité historique de devenir un leader mondial de l'IA. Encore faut-il mettre les bouchées doubles sur la commercialisation et l'adoption pour transformer l'essai.
Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI
Tic tac, tic tac. L'horloge tourne pour nos pépites canadiennes de l'IA. Celles-ci doivent à tout prix accélérer leur croissance et leur déploiement international, sous peine de se faire doubler par une concurrence toujours plus féroce. La partie est loin d'être gagnée, mais les atouts sont là : des talents de haut vol, des technologies de rupture, un écosystème en ébullition. Reste à trouver la martingale pour transformer ces promesses en réussites commerciales d'envergure.