Les Cadres Bénéficient de Hausses Salariales dans l’Industrie en 2024
Alors que le marché de l'emploi des cadres a connu des turbulences ces dernières années, un secteur tire son épingle du jeu en 2024 : l'industrie. Selon le dernier baromètre annuel de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), pas moins de 72% des cadres de l'industrie ont bénéficié d'une revalorisation salariale l'an dernier, contre 60% tous secteurs confondus. Une bonne nouvelle qui cache néanmoins des disparités.
L'industrie, terre promise des augmentations pour les cadres ?
Avec près de 3 cadres sur 4 augmentés en 2024, l'industrie se démarque clairement des autres secteurs d'activité. Cette tendance se reflète sur la rémunération médiane des cadres, qui est passée de 58 000 euros bruts annuels en 2023 à 60 000 euros en 2024. Un bond non négligeable dans un contexte économique encore fragile.
Mais tous les secteurs industriels ne sont pas logés à la même enseigne. C'est dans l'énergie, l'eau, l'automobile et l'aéronautique que les revalorisations ont été les plus fréquentes, avec respectivement 81% et 76% de cadres augmentés. La chimie se distingue également, avec 76% de cadres ayant vu leur rémunération progresser et un salaire médian atteignant 63 000 euros bruts par an, le plus élevé de l'industrie.
À l'inverse, l'agroalimentaire ferme la marche avec "seulement" 69% de cadres augmentés et des salaires médians plafonnant à 55 000 euros annuels. Des chiffres qui restent malgré tout supérieurs à la moyenne nationale.
Les profils techniques et de production tirent leur épingle du jeu
Sans surprise, ce sont les cadres des métiers en tension qui ont été le plus souvent récompensés. Les ingénieurs, chercheurs et autres profils techniques arrivent en tête avec 70% d'augmentés, suivis de près par les cadres de la production et de la maintenance (68%). La tendance est claire : l'industrie cherche à fidéliser ses talents sur les postes stratégiques.
Les augmentations accordées aux cadres de l'industrie reflètent les besoins criants en compétences techniques et les efforts des entreprises pour retenir ces profils clés.
Yves Bureau, Directeur Emploi-Formation à l'Apec
Femmes et seniors : les laissés-pour-compte des augmentations
Malgré cette embellie, l'étude de l'Apec met en lumière la persistance d'inégalités salariales. Premier constat : l'écart de rémunération entre hommes et femmes cadres ne se résorbe pas. À poste et secteur équivalents, les femmes gagnent toujours 6,9% de moins que leurs homologues masculins. Un différentiel stable depuis 2019.
Autre point d'alerte : la situation des cadres seniors. Passé 50 ans, leur rémunération stagne et s'aligne sur celle des quadragénaires. Un coup d'arrêt dans la progression de carrière qui soulève des questions sur la valorisation de l'expérience.
L'industrie doit poursuivre ses efforts pour une politique salariale plus inclusive
Si la dynamique des augmentations en faveur des cadres de l'industrie est positive, elle ne doit pas occulter les défis qui subsistent en matière d'équité salariale. Résorber les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, ainsi que valoriser l'expérience des seniors, doivent être des priorités pour le secteur.
Pour y parvenir, les entreprises industrielles sont appelées à renforcer leurs politiques d'égalité professionnelle, en actionnant différents leviers :
- Objectiver les critères d'évaluation et d'évolution salariale
- Assurer un suivi régulier des écarts de rémunération
- Neutraliser l'impact des congés parentaux et maternité sur les carrières
- Dédier des budgets aux rattrapages salariaux
Le chemin est encore long pour parvenir à une véritable équité, mais l'industrie, par son volontarisme en matière d'augmentations, a une carte à jouer pour devenir un secteur exemplaire. L'enjeu est double : de l'attractivité et de la fidélisation des talents, clés dans un marché de l'emploi toujours plus compétitif, à la responsabilité sociale et sociétale des entreprises industrielles.
Une politique de rémunération juste et attractive s'impose comme un impératif stratégique pour accompagner la réindustrialisation du pays et répondre aux défis de la transition écologique et de la compétitivité internationale. L'année 2024 a posé les premiers jalons d'un rattrapage salarial nécessaire. Aux acteurs de l'industrie de transformer l'essai pour bâtir un modèle social à la hauteur des enjeux.