Les Déboires de Fisker : Un Concurrent de Tesla en Faillite
C'est un coup de tonnerre dans l'industrie automobile électrique. Fisker, jeune pousse californienne qui entendait bien tailler des croupières à Tesla, vient de se déclarer en faillite. Confronté à un marché ultra-concurrentiel et à de sérieuses difficultés financières, le fabricant de SUV électriques n'a pas eu d'autre choix que de se placer sous la protection du chapitre 11 sur les faillites aux États-Unis. Un destin funeste partagé récemment par plusieurs autres startups de la mobilité électrique comme Lordstown ou Electric Last Mile Solutions.
Le rêve brisé de Henrik Fisker
Fisker Inc. était le projet fou d'Henrik Fisker, célèbre designer automobile danois. Après avoir dessiné des modèles iconiques pour BMW et Aston Martin, il décide en 2016 de lancer sa propre marque de voitures électriques haut de gamme. Son objectif : ringardiser Tesla avec des véhicules encore plus séduisants et innovants.
Les débuts sont encourageants. Fisker lève plusieurs centaines de millions de dollars auprès d'investisseurs et présente fin 2021 son premier modèle, le Fisker Ocean. Un SUV électrique aux lignes élégantes, bardé de technologies et affiché à un tarif agressif. De quoi faire trembler Tesla sur son segment de prédilection.
Les premiers nuages s'amoncellent
Mais les ennuis ne tardent pas à s'accumuler pour la jeune pousse. Fin 2022, Fisker émet un avertissement sur résultat, avouant son incapacité à tenir ses objectifs de production et de livraison. La faute à des difficultés d'approvisionnement en composants clés, notamment les batteries. Le cours de bourse dévisse.
Courant 2023, le constructeur tente de rassurer en affichant un carnet de commandes de 65 000 unités. Mais dans le même temps, des enquêtes sont ouvertes par les autorités américaines sur des défauts de sécurité de l'Ocean. Consumer Reports, la bible des consommateurs outre-Atlantique, accable le SUV pour ses lacunes en matière de fiabilité. Un coup dur pour l'image de la marque.
Le coup de grâce
Début 2024, Fisker jette l'éponge. Incapable de poursuivre son activité sans nouvelle levée de fonds, le groupe californien dépose le bilan. Les dirigeants espéraient une bouée de sauvetage du géant japonais Nissan, via un apport d'argent frais ou une fusion. Mais les discussions ont échoué. Pour Henrik Fisker, c'est un échec cuisant.
"Comme d'autres entreprises du secteur des véhicules électriques, nous avons été confrontés à divers vents contraires liés au marché et à la macroéconomie qui ont eu un impact sur notre capacité à fonctionner efficacement", déplore Fisker dans un communiqué.
À court de cash, la société annonce l'arrêt immédiat de sa production ainsi que de tout investissement dans des projets futurs. 15% des effectifs vont être supprimés. Les actifs seront cédés pour éponger une partie des dettes.
L'avenir sombre de la mobilité électrique ?
Le naufrage de Fisker ravive les inquiétudes sur la viabilité des startups automobiles électriques. Malgré l'engouement des marchés financiers et du public pour la mobilité verte, réussir dans ce secteur ultra-capitalistique reste un défi immense. Tesla, après avoir frôlé la faillite à plusieurs reprises, fait figure d'exception.
Outre Fisker, plusieurs jeunes pousses électriques ont dû jeter l'éponge récemment, faute de financements suffisants pour tenir la distance :
- Lordstown Motors, startup de l'Ohio, a déposé le bilan en juin 2022
- Electric Last Mile Solutions, fabricant de petit utilitaires, a fait faillite en juin 2022 également
- Faraday Future, projet du milliardaire Jia Yueting, est à l'agonie
À l'heure où tous les grands constructeurs traditionnels accélèrent leur virage électrique, la fenêtre d'opportunité semble se refermer pour les pure players. Leur capacité d'innovation ne fait pas tout face aux géants de l'automobile et leurs moyens colossaux. Un constat amer qu'Henrik Fisker risque de ruminer pendant un moment.