Les défis des startups face au recul de la diversité dans la tech
Zoom, Google, Meta... Les géants de la tech réduisent ou suppriment leurs programmes de diversité, équité et inclusion (DEI). Dans le même temps, le financement des fondateurs noirs ne cesse de chuter. Les poursuites judiciaires se multiplient contre les initiatives en faveur de la diversité. Ce recul, surnommé "The Great Rollback", inquiète les startups qui avaient misé sur plus d'inclusion. Quelles en seront les conséquences ?
La fin des programmes DEI chez les géants de la tech
Quelques années après le meurtre de George Floyd et les engagements pris par la Silicon Valley, le vent a tourné. Zoom a licencié son équipe DEI. Google et Meta réduisent les budgets alloués. Autant de signaux d'un net recul des efforts d'inclusion dans la tech.
Il est clair que cette année sera un tournant pour la diversité, l'équité et l'inclusion, surtout avec les États qui continuent d'interdire les mesures d'action positive.
– Dominic-Madori Davis, TechCrunch
Des financements en berne pour les fondateurs noirs
Première conséquence visible : la chute continue des investissements dans les startups dirigées par des entrepreneurs noirs. Une tendance inquiétante qui dure depuis 3 ans maintenant selon une étude de TechCrunch :
- 2020 : année record post-George Floyd
- 2021 : première baisse des financements
- 2022 et 2023 : l'hémorragie se poursuit
Sans un soutien actif de l'écosystème, de nombreuses startups diversifiées risquent de ne pas trouver les fonds nécessaires pour décoller et changer la donne.
Fearless Fund attaqué en justice
Les initiatives en faveur des fondateurs sous-représentés sont même attaquées en justice. Le fonds Fearless Fund, qui propose des bourses aux entrepreneuses noires, a été poursuivi en août 2023 pour discrimination envers les fondateurs blancs et asiatiques.
Privé du droit d'octroyer ses subventions, le fonds a perdu des millions de dollars de promesses de financement. Sa fondatrice a dû démissionner face aux difficultés. Un coup dur qui pourrait faire jurisprudence et refroidir d'autres initiatives du même type.
Des hérauts anti-DEI de plus en plus vocaux
Le débat fait rage dans la tech, avec des figures influentes comme Elon Musk, Peter Thiel ou Paul Graham qui critiquent ouvertement la DEI. Seules quelques voix, comme Mark Cuban, osent encore la défendre. Cette division risque de s'accentuer à l'approche des élections de 2024.
Pourtant, de nombreux acteurs de la tech veulent toujours faire évoluer les choses. Mais le chemin sera long et semé d'embûches, comme le souligne cet entrepreneur :
Le changement prend du temps, et certaines promesses n'ont pas été tenues. Il va falloir se battre pour préserver nos acquis.
Quelle réponse politique face au "DEI backlash" ?
Malgré quelques initiatives intéressantes en Californie, à New York ou au Massachusetts pour encourager la diversité dans la tech, la tendance générale penche vers un recul, en particulier dans les États républicains qui multiplient les lois anti-DEI.
En Floride, le gouverneur Ron DeSantis s'attaque même à l'investissement ESG, menaçant directement les fonds diversifiés. Au Congrès, le membre du Black Caucus Emanuel Cleaver peine à faire passer sa loi pour plus de transparence dans l'investissement.
Les élus noirs interpellent aussi les acteurs de la tech sur l'impact des licenciements massifs sur les talents issus des minorités. Mais dans l'ensemble, l'avenir législatif de la DEI semble bien incertain...
Les startups de la diversité gardent espoir malgré tout
Dans ce contexte compliqué, les entrepreneurs sous-représentés veulent croire que leur heure viendra malgré tout. Beaucoup misent sur un écosystème plus inclusif pour développer des solutions innovantes aux problèmes de notre temps.
Reste à savoir si les investisseurs suivront, en continuant à soutenir activement la diversité malgré le climat actuel. Les prochains mois seront décisifs pour l'avenir du mouvement DEI dans la tech, avec des conséquences majeures pour tout l'écosystème startup.