Les défis du traité international sur la pollution plastique
Alors que s'ouvre le dernier round de négociations sur le traité international visant à lutter contre la pollution plastique, les chances de parvenir à un accord ambitieux semblent s'amenuiser. Les divergences restent profondes entre les 175 pays présents à Busan en Corée du Sud pour ce 5ème et ultime comité de négociation intergouvernemental.
Une "menace existentielle" qui divise
Luis Vayas Valdivieso, le diplomate équatorien qui préside ces pourparlers, a beau souligner l'enjeu "existentiel" de cette conférence pour "l'avenir de l'humanité", les désaccords persistent sur plusieurs points clés du futur traité :
- Le champ d'application : certains pays veulent se limiter à la pollution et la gestion des déchets, quand d'autres poussent pour couvrir tout le cycle de vie du plastique, de la production à la valorisation.
- Des objectifs contraignants au niveau mondial pour réduire la production et la consommation de plastique, très mal vus par l'industrie pétrochimique.
- La mise en place de critères d'éco-conception des plastiques pour faciliter leur réemploi et recyclage.
En arrière-plan de ces sujets conflictuels : le financement des mesures qui seront prévues par l'accord, crucial pour les pays en développement.
Une "coalition de la haute ambition" face aux pétro-États
Dans les coulisses des négociations, deux blocs principaux s'affrontent. D'un côté, une "coalition de la haute ambition", menée par des pays européens et africains, milite pour un traité global et des règles contraignantes. Elle dénonce les "intérêts particuliers" de l'industrie qui menacent l'accord.
De l'autre, les grands producteurs de pétrole et de plastique comme l'Arabie saoudite ou la Russie, opposés à toute mesure restreignant leur activité. Entre les deux, des pays pivots comme la Chine, le Brésil ou les États-Unis naviguent au gré des sujets.
Vers un compromis a minima ?
Face à ces blocages, les organisateurs veulent à tout prix arracher un accord, même peu ambitieux. Cette position inquiète les ONG, qui redoutent un traité "au rabais" sauvant les apparences sans réel impact.
L'enjeu est de taille. En 2019, la production mondiale de plastique a atteint 460 millions de tonnes, le double d'il y a 20 ans. Et elle pourrait encore doubler d'ici 2040 selon l'OCDE, alors que seulement 10% des plastiques sont recyclés.
Il existe de réelles divergences sur plusieurs éléments-clés. Je suis persuadée que nous pouvons y arriver, mais il faudra que tout le monde y mette un peu du sien.
Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement
Les prochains jours diront si la communauté internationale est capable de s'entendre sur des solutions à la hauteur de cette crise environnementale majeure. Ou si les intérêts économiques et la realpolitik auront une fois de plus raison des appels à sauver la planète du "péril plastique".