Les émissions de gaz à effet de serre en hausse malgré les efforts industriels
Malgré les efforts de l'industrie pour réduire son empreinte carbone, la France a enregistré une hausse de 0,5% de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) au 3e trimestre 2024 par rapport à la même période de 2023, selon le dernier rapport du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa). Une première en trois ans qui soulève des questions sur la capacité du pays à tenir ses engagements climatiques.
L'industrie, bon élève malgré un ralentissement
Secteur le plus scruté, l'industrie manufacturière poursuit la baisse de ses émissions avec un recul de 1,3% au 3e trimestre. Un résultat encourageant mais deux fois moindre par rapport au trimestre précédent (-2,8%). Pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), à savoir une réduction de 35% des émissions industrielles en 2030 par rapport à 2015, le secteur doit dégonfler son bilan carbone de 1,9 million de tonnes équivalent CO2 chaque année.
Bâtiment et transports tirent la tendance à la hausse
Mais les bons résultats de l'industrie ont été annulés par la forte hausse des émissions dans le secteur du bâtiment (+12%), en raison d'un recours accru au chauffage en septembre. De même, les transports, premier émetteur de GES en France, ont vu leurs émissions grimper de 1,1% portées par le trafic routier. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher pointe l'augmentation des installations de chaudières à gaz et fioul.
Des puits de carbone en berne
Le tableau est assombri par la dégradation des puits de carbone forestiers censés absorber une partie du CO2 émis. Selon le Secrétariat général à la planification écologique, leur potentiel d'absorption ne devrait atteindre que 18 millions de tonnes en 2030, loin des 34 millions espérés par le Parlement européen, en raison notamment d'une mortalité des arbres en hausse de 80% en 10 ans.
L'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère a déjà entraîné une élévation de la température moyenne de 1,1°C par rapport à l'ère préindustrielle.
Rapport du GIEC 2023
Ces résultats mitigés ne tiennent pas compte des émissions indirectes, liées à notre consommation de biens importés, qui représentaient 360 millions de tonnes équivalent CO2 en 2023, soit plus de la moitié de l'empreinte carbone totale de la France. Rappelons que l'Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique à +2°C, idéalement +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle. Un objectif qui semble de plus en plus difficile à atteindre au vu des dernières tendances.