Les États-Unis envisagent de restreindre les exportations de puces d’IA
Après avoir interdit l'exportation vers la Chine des puces dédiées à l'intelligence artificielle, les États-Unis pourraient bientôt élargir leurs sanctions à de nouveaux pays. Selon l'agence Bloomberg, l'administration Biden réfléchit en effet à cibler cette fois-ci l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, très actifs ces derniers mois pour devenir des acteurs majeurs de l'IA générative. Un épisode qui démontre le pouvoir de Washington de contrôler l'accès à la puissance de calcul nécessaire à l'IA. Et qui sonne comme un signal d'alarme pour l'Europe, elle aussi dépendante des technologies américaines.
L'Amérique resserre son étau technologique
Les discussions au sein de l'administration Biden sont "encore à leurs débuts et pourraient évoluer", précise Bloomberg. Elles ne portent pas sur une interdiction pure et simple d'exportation des cartes graphiques de Nvidia, d'AMD ou d'Intel, utilisées dans l'entraînement et l'inférence des modèles d'IA. Mais sur l'instauration de quotas pour chaque pays.
Compte tenu des délais, il est possible que la décision d'imposer ou non ces limitations ne soit pas prise par l'administration actuelle, mais par la prochaine qui prendra ses fonctions en janvier. Le résultat des élections de novembre pourrait ainsi influencer le processus, mené par le bureau de l'industrie et de la sécurité au sein du département du Commerce.
L'IA comme moyen de pression
Quoi qu'il en soit, Washington se retrouve en position de force, avec le pouvoir de contrôler l'accès à la puissance de calcul nécessaire à l'IA. Une position qu'ils mettent déjà à profit contre la Chine, qui ne possède pas encore les technologies nécessaires pour faire face aux restrictions d'exportation.
En Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, les États-Unis ont déjà utilisé l'IA comme un moyen de pression géopolitique. Au printemps, l'administration américaine avait obtenu que le groupe émirati G42 cède ses investissements en Chine. Une concession indispensable pour la finalisation d'un investissement de 1,5 milliard de dollars par Microsoft.
Comme les autres, l'Europe est dépendante des technologies américaines dans l'IA. Et elle pourrait, théoriquement, se retrouver un jour soumise à des restrictions ou des limitations d'exportation.
Un retard technologique européen
L'Europe n'est pas épargnée par les pressions diplomatiques américaines. Celles-ci se sont notamment exercées sur les Pays-Bas, pour qu'ils limitent l'exportation vers la Chine des indispensables machines de lithographie d'ASML. Si La Haye se défend d'avoir cédé à ces pressions, elle a bien pris de nouvelles mesures restrictives.
Mais le continent a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre la souveraineté sur le secteur des semi-conducteurs. Si cela est encore possible, compte tenu de son retard technologique. Car dans la course à l'IA, l'Europe part avec un sérieux handicap :
- Dépendance aux puces américaines et asiatiques
- Manque d'investissements et de grands acteurs
- Réglementation contraignante avec l'AI Act
Face aux mastodontes américains et chinois, il faudra plus que jamais à l'Europe une stratégie ambitieuse et coordonnée pour exister dans l'IA. En commençant par réduire sa dépendance technologique. Mais le temps presse, car Washington semble déterminé à utiliser sa domination comme une arme géopolitique dans la bataille pour le leadership de l'intelligence artificielle.