Les laboratoires pharmaceutiques français prêts pour 2024
L'année 2024 aura été riche en rebondissements pour les laboratoires pharmaceutiques français. Entre cessions d'activités non stratégiques, investissements massifs et avancées cliniques majeures, les géants tricolores de la pharma ont montré qu'ils étaient prêts à accélérer leur mutation pour rester dans la course à l'innovation. Retour sur les faits marquants chez Sanofi, Servier, Ipsen et Pierre Fabre.
Sanofi tourne la page de la santé grand public
Le coup d'éclat de l'année aura sans conteste été la finalisation par Sanofi de la scission de sa division santé grand public, mettant fin à l'aventure du célèbre Doliprane sous pavillon français. Une opération emblématique de la volonté du laboratoire de se recentrer sur les produits à plus forte valeur ajoutée, comme l'illustrent également ses investissements massifs dans la R&D et la bioproduction.
En début d'année, Sanofi a ainsi mis la main sur la biotech américaine Inhibrx pour renforcer son portefeuille dans les maladies rares. Le laboratoire a également noué de nombreuses collaborations, notamment avec OpenAI et Formation Bio dans l'intelligence artificielle appliquée à la recherche.
Côté industriel, Sanofi a investi plus d'un milliard d'euros sur son site de Francfort pour la production d'insuline, ainsi que plusieurs centaines de millions d'euros en Inde. En France, le laboratoire a injecté 40 M€ à Lyon et inauguré à Neuville son Evolutive Vaccine Facility, une usine dernière génération pour accélérer la production de vaccins.
Servier temporise sur Biogaran
Chez Servier, l'année a été marquée par les interrogations autour de l'avenir de Biogaran, numéro un français des médicaments génériques. Après avoir un temps envisagé de céder cette activité jugée non stratégique, le laboratoire a finalement temporisé, le temps de se donner les moyens de ses ambitions dans l'innovation.
Un pari en passe d'être gagné, au vu des bons résultats enregistrés notamment en oncologie, fruit d'une réorientation stratégique engagée il y a plusieurs années. Servier a aussi multiplié les partenariats, par exemple avec Aitia pour développer un jumeau numérique de patient dans la maladie de Parkinson.
Notre mutation vers les biotechs et les produits à plus forte valeur ajoutée est une priorité.
Claude Bertrand, Directeur R&D de Servier
Ipsen revoit ses objectifs à la hausse
Ipsen, qui s'était déjà séparé de sa santé grand public en 2022, a continué de surfer sur son excellente dynamique. Les résultats du laboratoire ont dépassé les attentes, au point de revoir ses perspectives à la hausse. De quoi soutenir une intense activité d'acquisitions et de partenariats.
- Rachat d'un ADC anti-cancer à Sutro BioPharma
- Collaboration renforcée avec Marengo en oncologie
- Lancement du lanifibranor de Genfit dans une maladie rare du foie
Pierre Fabre accélère en oncologie
Enfin, Pierre Fabre a poursuivi son virage vers les innovations thérapeutiques, particulièrement en oncologie. Le groupe a ainsi racheté les droits d'un inhibiteur à Kinnate et progresse en partenariat avec Scorpion Therapeutics. En parallèle de sa montée en puissance dans les biotechs, Pierre Fabre prévoit de céder son site R&D de Haute-Savoie au laboratoire indien Jubilant.
À retenir également, l'investissement de 70 M€ pour un futur centre logistique qui sera basé à Muret en Haute-Garonne. Un projet emblématique des enjeux industriels de cette mutation vers une pharma plus spécialisée et innovante.