Les législatives anticipées en France : un nouveau paysage politique ?
Les élections législatives anticipées en France ont livré leur premier verdict ce dimanche 30 juin. Un scrutin crucial, organisé suite à la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron début juin, qui voit le Rassemblement national (RN) arriver en tête, devant le "Nouveau Front populaire" (NFP) et la liste présidentielle "Ensemble". Un résultat qui bouscule le paysage politique à une semaine du second tour.
Le RN en pole position, la gauche unie talonne
Selon les estimations, le RN obtiendrait entre 33,2% à 33,5% des voix au premier tour, devançant d'une courte tête la nouvelle alliance de gauche du NFP (28,1% à 29,1%) menée par Jean-Luc Mélenchon. La liste de la majorité présidentielle "Ensemble" arrive en troisième position avec 21% à 22,1% des suffrages.
Cette configuration inédite laisse planer le doute sur la future majorité à l'Assemblée nationale. Si les projections en sièges donnent le RN entre 250 et 300 députés, le parti de Jordan Bardella n'est pas assuré d'obtenir la majorité absolue fixée à 289 sièges. Tout se jouera donc lors du second tour dimanche prochain, avec de nombreuses triangulaires en perspective du fait de la forte mobilisation des électeurs (entre 65% et 67,5%).
L'appel des camps Ensemble et NFP à faire barrage au RN
Face au risque de voir une majorité RN, les dirigeants du NFP et de la majorité présidentielle ont appelé à l'union des forces républicaines pour le second tour. Jean-Luc Mélenchon a ainsi annoncé le retrait des candidats NFP arrivés en 3e position dans les circonscriptions où le RN est en tête. Même son de cloche du côté du Premier ministre Gabriel Attal, qui appelle à empêcher le RN d'avoir la majorité absolue.
« Pas une voix ne doit aller au RN »
Gabriel Attal, Premier ministre
Une cohabitation inédite en vue ?
Si le RN parvenait à décrocher la majorité absolue dimanche prochain, une cohabitation inédite sous la Ve République s'installerait, avec Jordan Bardella comme probable Premier ministre. Une configuration à hauts risques, le jeune président du RN ayant prévenu qu'il n'accepterait Matignon que dans ce cas de figure. À défaut, le spectre d'une Assemblée ingouvernable, sans possibilité d'alliance claire, plane plus que jamais.
Au-delà des enjeux de pouvoir, ce sont deux visions de la France qui s'opposeront dimanche. Le programme du RN, eurosceptique et prônant des mesures chocs sur l'immigration, inquiète une partie de la classe politique. Les marchés financiers craignent aussi les propositions économiques jugées dispendieuses du RN et du NFP, même si le parti de Jordan Bardella a adopté un discours de raison budgétaire.
Les clés du second tour
Pour l'emporter dimanche, le RN devra convaincre au-delà de son électorat, en rassurant sur sa capacité à gouverner. Le parti misera sur sa dynamique du premier tour et sa stratégie de « normalisation ». En face, le NFP et Ensemble tenteront des alliances de circonstance pour faire barrage. Le report des voix et la participation seront déterminants.
Une chose est sûre : à l'issue de ce second tour, le paysage politique français sera durablement transformé. Vers un quinquennat de cohabitation ? Une poussée historique de l'extrême-droite ? Une majorité relative contrainte au compromis ? Réponse dimanche dans les urnes.