Les marques alimentaires en lutte contre les trafiquants de drogue
Imaginez un instant vos marques préférées de confiseries, fromages ou biscuits... version cannabis. C'est la réalité à laquelle sont confrontés les géants de l'agroalimentaire, victimes d'un nouveau type de contrefaçon. Danone, Ferrero, Mondelez et Nestlé ont décidé d'attaquer en justice les trafiquants détournant leurs emballages stars.
Caprice des Dieux version "Caprice de Beuh"
Le phénomène n'est pas nouveau mais prend de l'ampleur. Sur les réseaux sociaux, impossible de passer à côté des détournements de packaging célèbres. Le fromage Caprice des Dieux devient ainsi "Caprice de Beuh", des bonbons Haribo se transforment en "Haribeuh", tandis que le Nutella laisse place au "Nuttelhash".
Derrière ces noms rigolos se cache un véritable business illégal. Les trafiquants de drogue s'inspirent des codes marketing et du packaging de produits grand public pour vendre leur marchandise. Un clin d'oeil assumé à la culture pop, qui séduit une clientèle jeune.
Un procès inédit pour contrefaçon dangereuse
Face à ce phénomène grandissant, une vingtaine de marques du secteur alimentaire ont décidé de contre-attaquer. Elles poursuivent pour la première fois les trafiquants pour contrefaçon et imitation sans autorisation. L'enjeu est de taille pour ces entreprises qui veulent protéger leur image et éviter toute confusion dans l'esprit des consommateurs.
Le procès qui s'ouvre le 1er octobre à Créteil est inédit à plus d'un titre. Les prévenus, membres des réseaux "Caliterter" et "Caliweed" démantelés en 2022, risquent jusqu'à 7 ans de prison et 75 000€ d'amende. Les marques les attaquent pour :
- Contrefaçon de marque sans autorisation du propriétaire
- Contrefaçon portant sur une marchandise dangereuse pour la santé
- Atteinte à l'image de marque
Des emballages soignés imitant les codes des marques
Au-delà de l'aspect marketing, les trafiquants rivalisent d'ingéniosité sur le packaging. Pochettes refermables, indications sur les taux de THC... Tout est fait pour se rapprocher des codes des produits industriels. Une sophistication dangereuse qui rend la distinction difficile pour le consommateur non averti.
Les trafiquants ont compris les codes du marketing et du packaging. Ils les détournent pour distribuer une marchandise illicite et potentiellement dangereuse en profitant de la notoriété de marques alimentaires établies.
Cédric Mandin, Expert en propriété intellectuelle
Une lutte sans fin pour les marques ?
Si l'issue de ce procès sera suivie avec attention, une question demeure. Les marques pourront-elles endiguer ce phénomène sur le long terme ? Rien n'est moins sûr tant la créativité des trafiquants semble sans limite. Il y a fort à parier que de nouveaux détournements fleuriront, surfant sur la pop culture et les tendances du moment.
En attendant, ce procès marque un tournant. Pour la première fois, des géants de l'alimentaire s'allient pour combattre les trafiquants de drogue au tribunal. Une prise de conscience qui en dit long sur l'ampleur du phénomène. Et si la propriété intellectuelle devenait la nouvelle arme anti-drogue ? Réponse dans les prochains mois.
