Les PFAS : une menace persistante pour notre santé et l’environnement

Avez-vous déjà entendu parler des PFAS ? Derrière cet acronyme se cache une famille de produits chimiques aux propriétés uniques mais inquiétantes. Surnommés les "produits chimiques éternels", les PFAS sont omniprésents dans notre quotidien et contaminent durablement notre environnement. Quels sont les risques de ces substances pour notre santé et la planète ? Comment s'en protéger et existe-t-il des alternatives ? Plongeons ensemble dans l'univers troublant des PFAS.

Les PFAS, des produits chimiques aux propriétés hors normes

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, regroupent plus de 4700 composés chimiques de synthèse. Leur particularité ? Ils possèdent une forte stabilité chimique et thermique grâce à leurs liaisons carbone-fluor. Cette propriété en fait des substances idéales pour de nombreuses applications industrielles.

On retrouve ainsi les PFAS dans une multitude de produits du quotidien :

• Les revêtements antiadhésifs des poêles et casseroles
• Les emballages alimentaires pour repousser l'eau et les graisses
• Les textiles imperméables et anti-taches
• Certains cosmétiques et produits ménagers

Si les PFAS apportent des fonctionnalités pratiques au quotidien, leur revers est beaucoup plus sombre. En effet, cette même stabilité chimique les rend extrêmement persistants dans l'environnement une fois rejetés, d'où leur surnom de "produits chimiques éternels".

Une contamination généralisée de l'environnement

Depuis le début de leur production industrielle dans les années 1940, les PFAS se sont dispersés à grande échelle dans l'environnement. Chaque année, des milliers de tonnes de PFAS sont rejetées par l'industrie, contaminant les sols, les eaux et l'air.

Une fois dans l'environnement, les PFAS ne se dégradent pas naturellement et s'accumulent. On les retrouve désormais partout sur la planète, des pôles aux tropiques. Plusieurs études ont même détecté leur présence dans des zones reculées comme l'Arctique, soulignant leur capacité à voyager sur de longues distances.

Une étude menée par des chercheurs de l'Université de Stockholm a trouvé des PFAS dans plus de 200 échantillons de pluie, de neige et d'eau de surface prélevés sur tous les continents, y compris en Antarctique.

Source : Ian T. Cousins et al., 2022

Cette contamination généralisée ne reste pas sans conséquence sur les écosystèmes et la santé humaine. Les PFAS s'accumulent tout au long de la chaîne alimentaire, des microorganismes aux grands prédateurs, exposant la faune à des niveaux croissants.

Des risques sanitaires préoccupants

L'omniprésence des PFAS dans l'environnement fait qu'aujourd'hui, tout le monde est exposé à un degré plus ou moins important à ces substances. On les retrouve dans l'eau que nous buvons, l'air que nous respirons et la nourriture que nous mangeons. Une fois dans l'organisme, certains PFAS peuvent persister pendant des années.

De nombreuses études ont mis en évidence les effets toxiques des PFAS les plus étudiés comme le PFOS et le PFOA :

• Perturbation du système endocrinien
• Augmentation du cholestérol
• Effets sur le développement des enfants
• Risque accru de certains cancers (testicules, reins)
• Diminution de la réponse immunitaire

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a même classé le PFOA comme cancérogène probable pour l'Homme en 2017. Si les PFAS les plus connus sont progressivement retirés du marché, les interrogations demeurent sur la toxicité de leurs substituts, souvent très proches chimiquement.

Vers une meilleure réglementation des PFAS

Face aux preuves croissantes de la toxicité et de l'omniprésence des PFAS, les autorités sanitaires et les gouvernements commencent à réagir. Plusieurs pays comme les États-Unis, le Canada ou l'Australie ont fixé des seuils pour limiter la présence de certains PFAS dans l'eau potable.

En Europe, la Commission européenne a présenté en 2022 une proposition visant à interdire progressivement tous les PFAS, sauf utilisations essentielles. L'objectif est d'éliminer ces substances de tous les produits de consommation d'ici 2030.

Les PFAS causent des dommages irréversibles à la santé humaine et à l'environnement. Cette proposition historique protégera la santé de nos citoyens et de nos écosystèmes des "produits chimiques éternels".

Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen à l'environnement

Des innovations technologiques émergent également pour tenter de dépolluer les eaux et les sols contaminés par les PFAS. Des chercheurs expérimentent notamment l'utilisation de bactéries et de champignons capables de dégrader ces substances persistantes.

Repenser nos usages pour un avenir sans PFAS

En parallèle des efforts réglementaires, il est crucial d'encourager le développement d'alternatives plus sûres aux PFAS. De nombreuses entreprises innovantes proposent déjà des solutions prometteuses :

• Revêtements antiadhésifs à base de céramique
• Textiles imperméables utilisant des membranes respirantes sans PFAS
• Emballages alimentaires recyclables et compostables

En tant que consommateurs, nous avons aussi un rôle à jouer. Privilégier les produits écolabellisés sans PFAS et soutenir les entreprises engagées pour des alternatives plus durables sont des gestes à notre portée pour contribuer à un avenir débarrassé de ces polluants persistants.

La contamination planétaire par les PFAS est un défi environnemental et sanitaire majeur. Il est urgent d'agir à tous les niveaux pour stopper la dispersion de ces "produits chimiques éternels" et promouvoir des solutions plus sûres. C'est ensemble, en repensant nos usages et nos systèmes de production, que nous pourrons écrire un nouveau chapitre pour un monde libéré des PFAS.