Les résultats financiers d’Orano en baisse suite à la crise au Niger
Orano, le géant français du combustible nucléaire, traverse une période difficile. Le spécialiste de l'uranium, détenu à 90% par l'État français, a présenté ce vendredi 26 juillet des résultats semestriels en forte baisse. En cause : la situation extrêmement tendue de ses activités minières au Niger, pays secoué par un coup d'État militaire il y a tout juste un an.
Des résultats financiers plombés par la crise nigérienne
Avec une perte nette part du groupe de 133 millions d'euros contre un bénéfice de 117 millions un an plus tôt, et un résultat opérationnel de seulement 12 millions d'euros contre 260 millions, les comptes d'Orano portent les stigmates de la crise politique et sécuritaire qui secoue le Niger. Le groupe a dû passer des provisions d'environ 200 millions d'euros pour faire face aux difficultés rencontrées dans le pays.
La fermeture fin 2023 de la frontière entre le Niger et le Bénin, corridor logistique crucial pour les approvisionnements de la mine, a mis à l'arrêt les exportations de la Somaïr, filiale d'Orano exploitant le dernier gisement d'uranium du groupe dans le pays. Si la mine a pu redémarrer à vitesse réduite en février, sa situation financière reste très délicate, alors que les frontières restent fermées malgré la levée des sanctions de la Cedeao.
Perte du permis d'Imouraren, nouveau coup dur
Au mois de juin, Orano s'est également vu retirer par les autorités le permis d'exploitation du gisement d'Imouraren, sur lequel il misait malgré le coup d'État et dans lequel il a investi 306 millions d'euros depuis 2014. Un revers cinglant pour le groupe, présent au Niger depuis plus de 50 ans.
Il y a un éléphant dans la salle, c'est la situation très difficile pour nos filiales minière au Niger
Nicolas Maes, directeur général d'Orano
L'uranium nigérien, un enjeu géostratégique
Les décisions de la junte au pouvoir actent l'échec, jusqu'à présent, des discussions menées par Orano. Le nouveau gouvernement nigérien affiche sa volonté de reprendre le contrôle de l'exploitation des matières premières du pays, septième producteur mondial d'uranium. Une situation à replacer dans le contexte de rapprochement entre Niamey et Moscou, la Russie cherchant à mettre la main sur les actifs du groupe français selon des informations de Bloomberg.
Malgré ce contexte défavorable, la direction d'Orano se veut rassurante. L'absence de production et d'exportation du Niger, qui représente environ 4% de la production mondiale d'uranium, serait compensée par la montée en puissance des mines canadiennes et kazakhes. Mais avec près de 20% de sa production d'uranium dans le pays, le géant français n'en a sans doute pas fini avec la crise nigérienne et ses conséquences.