Les téléphones portables ne causent pas de cancer du cerveau selon une nouvelle étude
Depuis l'avènement de la téléphonie mobile dans les années 90, la question d'un lien potentiel entre l'utilisation des téléphones portables et le cancer du cerveau n'a cessé d'alimenter les débats. Mais une étude d'envergure menée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient apporter des réponses définitives sur le sujet. Ses conclusions sont sans appel : même une utilisation intensive du smartphone ne fait pas grimper le risque de développer une tumeur au cerveau.
Retour sur les origines de la controverse
C'est en 1993 qu'un habitant de Floride, David Reynard, a pour la première fois mis en cause publiquement les téléphones portables après le décès de sa femme d'un cancer du cerveau. Il a porté plainte contre le fabricant NEC, affirmant que le téléphone de son épouse "était équipé d'une antenne placée de telle façon qu'elle exposait à un rayonnement micro-ondes excessif et dangereux la zone du cerveau où la tumeur a été trouvée." Même si la plainte a été rejetée en 1995, cette affaire très médiatisée a durablement implanté dans l'imaginaire collectif l'idée que les portables pouvaient être cancérigènes.
En 2011, l'OMS et le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) ont classé les ondes des téléphones comme "peut-être cancérogènes", renforçant les inquiétudes. Et en 2016, une étude sur des rongeurs concluait que ce rayonnement provoquait des cancers du cerveau et des glandes surrénales chez les souris et les rats.
Une étude de grande ampleur
Pour tenter de trancher le débat, l'OMS a donc lancé une vaste étude pilotée par des chercheurs de l'agence australienne de radioprotection (ARPANSA). Ils ont passé en revue plus de 5 000 études parues entre 1994 et 2022, pour finalement en retenir 63 dans leur méta-analyse finale.
Leur conclusion est claire : malgré l'explosion de l'usage des téléphones portables ces 20 dernières années, on n'observe pas de hausse correspondante des cas de cancers du cerveau ou de la tête et du cou, y compris chez les plus gros utilisateurs sur plus de 10 ans. L'analyse n'a pas non plus trouvé de lien avec l'exposition aux ondes des antennes relais, ni chez les personnes davantage exposées par leur métier.
Des résultats qui font sens
Selon certaines études, les Américains passeraient en moyenne 4h37 par jour sur leur smartphone, et près de trois quarts de la population mondiale en possèderait un désormais. Avec une telle omniprésence, on devrait logiquement observer une forte augmentation des tumeurs du cerveau si les ondes émises étaient vraiment cancérigènes. Or ce n'est pas du tout le cas, l'incidence restant stable depuis 1982.
Lorsque le CIRC a classé l'exposition aux ondes radio comme cancérogène possible en 2011, c'était surtout basé sur des preuves limitées issues d'études observationnelles sur l'homme. Notre méta-analyse porte sur un ensemble de données bien plus vaste, incluant des études récentes plus complètes, donc nous pouvons être plus confiants dans la conclusion que l'exposition aux ondes des technologies sans fil ne représente pas un danger pour la santé.
– Ken Karipidis, chercheur à l'ARPANSA
Une page qui se tourne
Cette étude de grande ampleur devrait donc permettre de clore définitivement le débat sur les risques supposés des téléphones portables et de rassurer les utilisateurs. Toutefois, certains conseils de précaution restent de mise, comme utiliser le haut-parleur ou des écouteurs pour limiter l'exposition directe, en particulier chez les enfants dont le crâne est plus fin.
Désormais, la recherche va pouvoir se focaliser sur d'autres impacts potentiels, comme les effets sur le sommeil, la mémoire ou la concentration. Car si le spectre du cancer semble définitivement écarté, l'omniprésence des smartphones dans nos vies soulève de nombreuses autres questions sur notre santé physique et mentale qu'il reste à explorer.