Les Turbulences Financières Inquiètent Le Royaume-Uni
Les marchés financiers britanniques traversent une zone de fortes turbulences depuis quelques jours. La livre sterling dévisse face au dollar, les rendements obligataires s'envolent et la confiance des investisseurs dans les finances publiques du pays se détériore. Que se passe-t-il au Royaume-Uni pour susciter une telle défiance ?
La livre sterling en chute libre
Jeudi matin, la devise britannique a atteint un plus bas depuis novembre 2023 face au billet vert, à 1,226 dollar. Elle se dirige vers sa pire série de 3 séances depuis près de 2 ans, avec une chute d'environ 2%. Du jamais vu depuis février 2023 !
Même constat face à l'euro, avec un recul de 0,6% à 83,93 pence pour un euro, un plancher de 2 mois. Cette dégringolade de la monnaie reflète les inquiétudes croissantes des cambistes sur l'état de l'économie et des finances britanniques.
Les rendements obligataires au plus haut depuis 2008
Dans le même temps, les taux d'intérêt sur la dette publique britannique s'envolent. Le rendement du Gilt à 10 ans, la référence outre-Manche, a bondi d'un quart de point cette semaine pour atteindre son niveau le plus élevé depuis 2008 ! Signe que les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée pour détenir des obligations d'État du Royaume-Uni.
Avec l'affaiblissement de la livre sterling, on se demande de plus en plus si la Banque d'Angleterre (BoE) peut réduire ses taux aussi rapidement que prévu.
Jim Reid, stratège chez Deutsche Bank
Cette remontée des taux complique la tâche du gouvernement britannique, qui doit financer des centaines de milliards de livres de dépenses publiques supplémentaires cette année, tout en respectant des règles budgétaires strictes. La ministre des Finances Rachel Reeves est confrontée à un véritable casse-tête.
Un contexte économique et politique compliqué
Ces turbulences interviennent dans un contexte délicat pour le Royaume-Uni :
- Une croissance économique atone, bien inférieure à celle des États-Unis
- Une inflation persistante qui rogne le pouvoir d'achat des ménages
- Un marché du travail qui se dégrade avec une hausse du chômage
À cela s'ajoute l'incertitude politique liée à l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. Sa promesse de relever les droits de douane et de durcir l'immigration font craindre de nouvelles tensions inflationnistes, limitant la marge de manœuvre de la Fed pour baisser ses taux. Ce qui dope le dollar au détriment des autres devises, dont la livre.
Un risque de crise de confiance
Pour l'instant, les grands investisseurs obligataires comme Pimco restent confiants sur la signature britannique, estimant que la hausse des taux est surtout liée à des facteurs extérieurs. Mais certains s'interrogent sur un risque de crise de confiance, comme en septembre 2022 après le mini-budget calamiteux de Liz Truss. À l'époque, la Banque d'Angleterre avait dû intervenir en urgence pour calmer les marchés.
Rachel Reeves a assuré hier soir que son engagement à respecter les règles budgétaires n'était "pas négociable". Mais entre une croissance faible, une inflation élevée et des besoins de financements records, l'équation s'annonce compliquée pour la ministre des Finances. Les prochaines semaines s'annoncent décisives pour restaurer la crédibilité financière du Royaume-Uni et rassurer des marchés pour le moins fébriles.
