Les ventes au détail américaines reculent, reflet d’une économie fragilisée
Un début d'année dans le rouge pour l'économie américaine. Selon les dernières données du département du Commerce, les ventes au détail aux États-Unis ont enregistré une baisse marquée de 0,9% en janvier 2025 par rapport au mois précédent. Un repli plus fort qu'anticipé par les analystes, qui tablaient sur un recul de seulement 0,1% après une hausse de 0,7% en décembre dernier.
Pourquoi une telle contre-performance ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce coup de frein brutal de la consommation américaine en ce début d'année :
- Le ralentissement de la croissance économique, avec un PIB attendu en hausse de seulement 1,8% en 2025 contre 3,2% en 2024.
- L'inflation toujours élevée, qui pèse sur le pouvoir d'achat des ménages malgré son reflux progressif.
- La remontée des taux d'intérêt par la Fed pour juguler l'inflation, qui renchérit le coût du crédit.
- Un certain attentisme des consommateurs face aux incertitudes sur la conjoncture et l'emploi.
Comme le souligne Ethan Harris, économiste chez Bank of America :
Cette baisse des ventes au détail montre que les consommateurs deviennent prudents et priorisent leurs dépenses essentielles. C'est cohérent avec le ralentissement global de l'économie.
– Ethan Harris, Bank of America
Des disparités selon les secteurs
Dans le détail, ce repli n'est pas uniforme. Si les ventes de biens durables comme l'automobile (-1,4%) ou l'électronique (-1,1%) reculent fortement, d'autres segments résistent mieux voire progressent :
- L'alimentaire ne baisse que de 0,3%, la consommation de produits de base restant peu élastique
- La santé grimpe de 1,6%, portée par une demande post-Covid en hausse
- Les ventes en ligne limitent leur repli à 0,4%, confirmant la solidité du e-commerce
Un impact à relativiser pour l'économie ?
Pour autant, ces chiffres décevants ne doivent pas être surinterprétés. Comme le rappelle Andy Mauceri, stratégiste chez Merrill Lynch :
C'est un mois négatif mais il intervient après plusieurs mois de bonnes surprises. La tendance de fond reste une consommation résiliente grâce à un marché de l'emploi solide.
– Andy Mauceri, Merrill Lynch
De plus, les ventes au détail ne reflètent qu'une partie des dépenses des ménages, de plus en plus orientées vers les services. La dépense globale de consommation reste en hausse de 1,8% sur un an.
Des signes avant-coureurs d'une récession ?
Il est donc prématuré d'y voir le signe annonciateur d'une récession, même si le risque existe en cas d'enclenchement d'une dynamique négative. Selon Anita Markowska, économiste chez Jefferies :
Un mois ne fait pas une tendance mais la vigilance est de mise. Une dégradation durable de la confiance et des revenus pourrait faire basculer l'économie.
– Anita Markowska, Jefferies
Pour l'instant, les économistes tablent toujours sur une croissance positive, bien que molle, en 2025. Mais une aggravation de la guerre en Ukraine, un regain d'inflation ou de nouvelles tensions commerciales pourraient assombrir le tableau.
Quoi qu'il en soit, cette mauvaise passe souligne la fragilité persistante du cycle économique américain dans un environnement incertain. La Fed devra plus que jamais faire preuve de doigté pour piloter sa politique monétaire sans casser la croissance. Les prochains indicateurs, à commencer par l'emploi et l'inflation, seront scrutés de près pour jauger la résistance de l'économie US en 2025.