Les voitures autonomes Cruise reprennent leurs essais
Le secteur des véhicules autonomes est en pleine ébullition, mais la route vers un déploiement à grande échelle reste semée d'embûches. Cruise, la startup de voitures autonomes rachetée par General Motors en 2016, en sait quelque chose. Après un grave accident impliquant un de ses véhicules en 2023, la société avait dû suspendre tous ses essais. Près d'un an plus tard, Cruise se remet en selle et relance progressivement ses tests sur les routes californiennes.
Un redémarrage prudent et graduel
Traumatisée par l'accident d'octobre 2023 où une de ses voitures avait percuté et traîné une piétonne sur plusieurs mètres, Cruise joue la carte de la prudence. Seulement cinq véhicules sont concernés dans un premier temps, et ceux-ci ne circuleront pas de manière totalement autonome : un chauffeur sera présent derrière le volant, prêt à reprendre le contrôle en cas de besoin.
De plus, les rues de San Francisco, théâtre de l'accident, ne sont pas au programme de cette reprise. Cruise préfère se concentrer sur des zones moins denses pour roder sa technologie et regagner en confiance. L'objectif : rebâtir progressivement la confiance des autorités et du public.
Accident de 2023 : de lourdes conséquences
L'incident survenu en octobre 2023 a eu de graves répercussions pour Cruise. Dans la foulée, la startup s'est vue retirer sa licence d'exploitation par les autorités californiennes. Un rapport accablant d'un cabinet d'avocats a pointé de nombreux dysfonctionnements au sein de l'entreprise :
- Manque de transparence sur les circonstances de l'accident
- Erreurs de jugement et coordination défaillante
- Incompréhension des obligations réglementaires
« Cruise a caché des éléments importants (...) aux autorités, leur envoyant même une vidéo montée. (...) [Il y a eu] un leadership médiocre, des erreurs de jugement, un manque de coordination. »
Extrait du rapport d'un cabinet d'avocats sur l'accident de Cruise
Dans la foulée, la direction a été remanié en profondeur. Le fondateur et patron Kyle Vogt a été débarqué. General Motors a repris les rênes et revu les procédures de sécurité, avec notamment le recrutement d'un responsable dédié.
Cap sur le futur : partenariat avec Uber et nouveaux tests
Malgré ces revers, Cruise garde les yeux rivés sur l'avenir. La startup a noué un partenariat prometteur avec Uber cet été. L'idée : déployer dans le courant 2025 des véhicules Cruise sur la plateforme de VTC pour transporter une partie des clients Uber, dans une ville américaine qui reste à définir.
En attendant, les équipes de Cruise s'attellent à retrouver leur droit de cité sur les routes. Outre la Californie, des essais ont redémarré en avril dans la région de Phoenix, avec là aussi des opérateurs humains dans les véhicules. La reprise des tests en mode autonome complet est espérée pour début 2025, sous réserve du feu vert des régulateurs.
La route des voitures autonomes reste à tracer
L'épopée de Cruise illustre bien les défis qui attendent encore le secteur des véhicules autonomes avant un passage à l'échelle. Si les progrès technologiques sont indéniables, la sécurité reste le maître-mot. Un seul accident peut faire dérailler des années de développement.
Les acteurs du secteur l'ont bien compris, à l'image de Waymo (filiale d'Alphabet/Google) qui vient de passer le cap des 100 000 trajets hebdomadaires avec sa flotte de robotaxis à Phoenix. Un déploiement progressif, supervisé par des humains, semble être la formule gagnante pour ancrer la technologie dans le paysage urbain. Mais le chemin est encore long avant de voir des véhicules 100% autonomes envahir nos rues ! Patience et précaution restent de mise.
