L’essor des cadres dans l’industrie française
Dans l'imaginaire collectif, l'industrie évoque souvent l'image d'usines peuplées d'ouvriers en bleu de travail. Pourtant, les "cols blancs" y sont de plus en plus nombreux. Selon une étude récente de l'Apec, la part des cadres dans l'industrie française est passée de 15% en 2009 à 21% en 2021. Une tendance qui reflète la mutation profonde du secteur, portée par les besoins croissants en compétences de pointe.
Une dynamique portée par les secteurs de haute technologie
Si la proportion de cadres progresse dans l'ensemble de l'industrie, certains secteurs se distinguent particulièrement. C'est le cas de l'automobile, l'aéronautique et les matériels de transport, où le taux d'encadrement a bondi de 43% en douze ans. Il atteint désormais 37%, soit le deuxième plus élevé derrière les équipements électriques et électroniques (41%).
Cette évolution s'explique par les besoins accrus en compétences techniques de haut niveau pour développer des produits et procédés innovants : motorisations électriques, matériaux composites, fabrication additive, cobotique... Autant de domaines qui nécessitent l'expertise d'ingénieurs et de chercheurs hautement qualifiés.
Un phénomène qui concerne l'ensemble de l'industrie
Au-delà des secteurs high-tech, la tendance touche l'ensemble du tissu industriel français. La proportion de cadres a ainsi progressé de 20% en moyenne depuis 2009, quand celle des non-cadres reculait de 18%. Une évolution qui s'explique par :
- La recherche constante de gains de productivité et de qualité
- L'automatisation croissante des tâches peu qualifiées
- Le besoin d'innovation pour rester compétitif
Même les PME industrielles, traditionnellement moins pourvoyeuses d'emplois qualifiés, sont concernées par ce mouvement de fond.
La transformation numérique de l'industrie nécessite de nouvelles compétences, à tous les niveaux de l'entreprise. Les cadres sont en première ligne pour piloter ces changements.
Emmanuelle Duez, Fondatrice de The Boson Project
Attirer et fidéliser les talents, un enjeu crucial
Cette évolution pose la question de l'attractivité de l'industrie pour les jeunes diplômés. Malgré les efforts déployés ces dernières années, l'image du secteur peine encore à séduire. Pourtant, les opportunités sont nombreuses et les perspectives de carrière stimulantes, à condition de faire preuve d'adaptabilité.
Pour attirer et retenir les meilleurs profils, les entreprises industrielles doivent miser sur plusieurs leviers :
- Rémunération attractive et avantages compétitifs
- Projets innovants et porteurs de sens
- Perspectives d'évolution et de formation
- Management stimulant et collaboratif
- Marque employeur et communication ciblée
Autant de facteurs clés pour séduire la "génération Z", en quête de sens et d'accomplissement professionnel. L'avenir de l'industrie française en dépend.
Vers une réinvention des métiers industriels
Plus globalement, cette évolution invite à repenser les métiers de l'industrie et les parcours professionnels associés. Avec la robotisation et la digitalisation, certains postes disparaissent quand d'autres émergent, requérant de nouvelles compétences à la croisée de la technique, du numérique et du management de projet.
Dans ce contexte, la formation tout au long de la vie devient indispensable, pour les cadres comme pour les opérateurs. Les entreprises ont un rôle clé à jouer pour accompagner la montée en compétences de leurs collaborateurs, en lien avec les organismes de formation et l'enseignement supérieur.
L'industrie du futur se dessine ainsi sous nos yeux, portée par une nouvelle génération de talents. Une (r)évolution qui ouvre de belles perspectives, pour peu qu'on sache l'anticiper et l'accompagner. Le défi est lancé !
