L’essor des cadres dans l’industrie française : une transformation majeure
Saviez-vous qu'en l'espace de 15 ans, la part des cadres dans l'industrie française a bondi de 20% ? C'est le constat dressé par une étude exclusive de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), dévoilée à l'occasion de la Semaine de l'industrie. Cette évolution témoigne d'une profonde transformation du secteur, qui recherche des profils de plus en plus qualifiés pour répondre aux enjeux de la transition numérique et énergétique.
Un taux d'encadrement en hausse, mais contrasté selon les branches
Aujourd'hui, plus d'un salarié de l'industrie sur cinq (21%) est un cadre, contre seulement 15% en 2009. Cette progression s'explique par un double phénomène : une augmentation du nombre de cadres (+20% entre 2009 et 2021) et une diminution du nombre de non-cadres (-18% sur la même période). Résultat, le taux d'encadrement dans l'industrie dépasse désormais celui de l'ensemble du secteur privé (19%).
Mais cette moyenne cache de fortes disparités entre les différentes branches industrielles :
- L'automobile, l'aéronautique et les matériels de transport affichent la plus forte hausse de cadres (+43% en 12 ans) et la baisse la plus marquée de non-cadres (-27%). Le taux d'encadrement y atteint désormais 37%.
- Les équipements électriques et électroniques et l'industrie pharmaceutique présentent également un taux d'encadrement élevé (respectivement 37% et 36%).
- A l'inverse, dans l'agroalimentaire, malgré une forte progression des cadres (+38%), leur part reste faible (9% des effectifs).
Les métiers techniques et scientifiques en première ligne
Sans surprise, les recrutements de cadres dans l'industrie portent en priorité sur les métiers techniques et scientifiques. Parmi les profils les plus recherchés en 2023, on retrouve :
- Les ingénieurs qualité, méthodes et industrialisation
- Les cadres de production industrielle
Cette tendance illustre les besoins croissants en compétences pointues des entreprises industrielles pour faire face aux défis de la transformation numérique et de la transition énergétique. Elle traduit aussi le recul progressif des activités manufacturières traditionnelles au profit de fonctions à plus haute valeur ajoutée.
Attirer et fidéliser les talents, un enjeu clé
Pour accompagner cette mutation, l'industrie doit relever un défi de taille : élargir son vivier de recrutement. Malgré une féminisation en progrès (+4 points depuis 2009), les femmes ne représentent encore que 28% des cadres du secteur, loin des 38% en moyenne. L'attractivité auprès des jeunes est également un enjeu majeur.
« L'industrie doit poursuivre ses efforts pour renforcer son attractivité auprès des femmes, qui représentent un vivier important, et des jeunes. Elle doit notamment valoriser la diversité de ses métiers, souvent méconnue, pour attirer des profils qui ne pensent pas spontanément à l'industrie. »
– Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l'Apec
C'est tout l'enjeu d'événements comme la Semaine de l'industrie, qui a rassemblé l'an dernier 2,2 millions de participants autour de 5500 événements (rencontres, visites d'usine, interventions en milieu scolaire...). Une manière de faire découvrir la réalité des métiers industriels d'aujourd'hui et de susciter des vocations.
Car si la dynamique de recrutement des cadres s'est poursuivie en 2023-2024, les besoins de compétences des industriels, portés par les enjeux de réindustrialisation et de transition écologique, devraient rester élevés dans les années à venir. Un défi stimulant pour une industrie en pleine réinvention !