L’essor des technologies portables de neurostimulation
Et si l'avenir des traitements médicaux passait par des appareils portables qui stimulent notre cerveau ? C'est le pari que font plusieurs startups de medtech en développant des technologies de neurostimulation non invasives. Un marché qui s'annonce prometteur malgré les nombreux défis à relever.
Un potentiel thérapeutique considérable
Les affections ciblées par ces appareils sont nombreuses : troubles anxieux, dépression, syndrome de stress post-traumatique (SSPT), troubles du sommeil, diabète de type 2, obésité... Rien que pour l'anxiété et la dépression, on estime qu'environ 18% des adultes américains sont concernés. L'insomnie chronique touche quant à elle 12% de la population.
Face à l'ampleur de ces problèmes de santé publique, les approches non médicamenteuses suscitent un intérêt croissant. C'est là que les technologies de neurostimulation entrent en jeu, en proposant d'agir directement sur l'activité cérébrale grâce à des impulsions électriques de faible intensité appliquées sur le cuir chevelu via des électrodes.
Des essais cliniques encourageants
Parmi les pionniers du secteur, la startup britannique Neurovalens développe toute une gamme d'appareils ciblant différentes indications. Deux ont déjà obtenu le feu vert de la FDA : Modius Sleep pour l'insomnie chronique et Modius Stress pour le trouble anxieux généralisé (TAG). D'autres sont en cours d'essais cliniques pour le SSPT, le diabète de type 2 et l'obésité.
Nous voulons vraiment avoir un patient bien défini qui présente la maladie spécifique que nous traitons.
Jason McKeown, PDG de Neurovalens
Cette approche ciblée permet à la startup d'adapter le dosage de la neurostimulation en fonction du profil des patients, afin d'optimiser les résultats. Une stratégie qui vise à terme à obtenir le remboursement des appareils par les assurances de santé.
Un modèle alternatif : miser sur l'accessibilité
D'autres acteurs comme la startup suédoise Flow Neuroscience ont choisi une voie différente, en optant pour un dispositif unique destiné à traiter la dépression. L'idée est de rendre la neurostimulation abordable et facile d'accès pour le plus grand nombre, quitte à ce que l'efficacité ne soit pas optimale chez tous les utilisateurs.
Fabriquer quelque chose de peu coûteux et disponible pour tous, mais qui pourrait ne pas fonctionner pour tout le monde - mais que tout le monde peut essayer.
Erik Rehn, PDG de Flow Neuroscience
Cette approche "spray and pray" mise sur le volume pour trouver les patients répondeurs, plutôt que sur la personnalisation du traitement. Reste à savoir si les consommateurs adhéreront à cette logique, alors qu'ils sont habitués à des technologies qui "fonctionnent à tous les coups".
Convaincre les professionnels de santé et les patients
Au-delà des preuves cliniques, le principal défi pour les startups sera en effet de gagner la confiance des médecins et du grand public. Car même si les appareils sont non invasifs, leur aspect futuriste peut susciter une certaine méfiance.
Un travail d'éducation sera nécessaire pour expliquer le fonctionnement de la neurostimulation et ses bénéfices potentiels. Il s'agira aussi de gérer les attentes, en clarifiant le fait qu'il ne s'agit pas d'une solution miracle fonctionnant à tous les coups comme un gadget high-tech.
Vers une neurostimulation plus personnalisée ?
À plus long terme, les progrès dans la compréhension du cerveau pourraient ouvrir la voie à des approches encore plus ciblées, en adaptant les paramètres de stimulation au profil neurologique de chaque patient. On passerait alors d'une logique "taille unique" à une véritable médecine de précision, au prix cependant d'une complexité et de coûts accrus.
Une chose est sûre : le marché de la neurostimulation portable ne fait que commencer son ascension. Avec des dizaines de millions de patients potentiels et un intérêt croissant pour les approches thérapeutiques non médicamenteuses, les opportunités sont immenses pour les startups qui parviendront à imposer leurs solutions.
Mais la route est encore longue et parsemée d'embûches, de la validation clinique à l'adoption par les professionnels de santé en passant par le remboursement. Les startups devront faire preuve de persévérance et de pédagogie pour transformer l'essai et faire de la neurostimulation portable un pilier de la prise en charge des troubles mentaux et métaboliques.