L’État propose 700 millions d’euros pour les activités stratégiques d’Atos
Le géant français de l'informatique Atos traverse une passe difficile depuis plusieurs années. Mais une lueur d'espoir émerge avec l'offre de l'État de racheter pour 700 millions d'euros ses activités les plus sensibles, notamment ses fameux supercalculateurs. Une proposition qui intervient quelques jours après la sélection du consortium mené par David Layani de Onepoint pour orchestrer la restructuration de l'ex-fleuron tricolore. Quelles sont les implications de ce rachat partiel pour l'avenir d'Atos ?
Un sauvetage stratégique des joyaux technologiques d'Atos
Face aux difficultés financières persistantes d'Atos, l'État a décidé de passer à l'action pour sauvegarder les activités jugées stratégiques pour la souveraineté numérique française. L'offre de 700 millions d'euros concerne trois branches clés :
- Advanced Computing, dédiée au calcul haute performance (HPC) et aux supercalculateurs utilisés notamment pour la dissuasion nucléaire.
- Mission-Critical Systems, qui conçoit des systèmes informatiques pour des applications critiques.
- La division Big Data & Cybersécurité.
Au total, ce sont 4000 salariés en France qui sont concernés. L'objectif est d'éviter que ces activités sensibles ne passent sous contrôle étranger. L'État avait déjà manifesté son intérêt pour un tel rachat il y a plusieurs mois, mais les négociations avaient traîné en longueur.
La proposition de Onepoint retenue pour restructurer Atos
Parallèlement, Atos a annoncé le 11 juin avoir retenu l'offre du consortium emmené par la société Onepoint de David Layani pour restructurer le groupe. Ce dernier, qui détient déjà 11% du capital d'Atos, a proposé un « investissement de 350 millions d'euros en numéraire, en échange d'au moins 35% des actions » ainsi que 1,8 milliard d'euros de financement supplémentaire.
La proposition reçue par le consortium Onepoint était la mieux orientée en matière d'intérêt social de la société, en particulier de ses employés et de ses clients.
– Atos
L'accord de restructuration devrait être mis en œuvre d'ici juillet selon une « procédure accélérée dédiée ». Cela permettra à Atos de se recentrer sur son cœur de métier, en particulier à l'approche des Jeux Olympiques de Paris où le groupe sera fortement mobilisé sur la gestion des accréditations, la diffusion des résultats et la cybersécurité.
Des négociations encore en cours pour finaliser le rachat
Si l'offre de l'État marque une avancée importante, elle ne constitue pas encore un accord définitif. Atos a souligné qu'« aucune certitude ne peut être apportée quant à l'issue des négociations et à la conclusion d'un accord » final entre les parties. Il faudra encore affiner les détails de la transaction dans les prochaines semaines.
La proposition intervient après le retrait en mars dernier de l'avionneur Airbus qui s'était aussi positionné pour reprendre la division Big Data & Cybersécurité. Un contexte tendu pour Atos, qui a récemment revu à la hausse ses besoins de liquidités pour 2024-2025, les portant à 1,1 milliard d'euros contre 600 millions initialement prévus.
Le rachat partiel par l'État, couplé à l'entrée de Onepoint au capital, pourrait donner un nouveau souffle à Atos. Mais il faudra surveiller de près l'évolution de ce dossier complexe dans les mois à venir, avec des enjeux importants pour la tech française et sa souveraineté numérique.