L’euro plonge face au dollar avec le retour de Trump

Les marchés financiers européens retiennent leur souffle. L'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis mercredi dernier a provoqué une forte chute de l'euro face au dollar. La monnaie unique européenne a perdu près de 2%, s'approchant dangereusement d'une parité avec le billet vert, un niveau qu'elle avait déjà touché lors de la crise énergétique de 2022.

Une présidence Trump synonyme de turbulences pour l'Europe

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre de nouvelles difficultés économiques pour le Vieux Continent. Le 45ème président américain a en effet promis d'imposer des droits de douane de 10% sur les importations de tous les pays, un véritable coup dur pour l'Union européenne qui est le plus grand exportateur vers les États-Unis.

L'Europe risque de souffrir encore davantage en raison de ses liens étroits avec la Chine, dans le collimateur de Trump qui veut taxer à 60% les produits chinois. Sans compter que les Européens pourraient devoir augmenter leurs dépenses de défense si Washington retire son soutien à l'Ukraine.

Les obligations en hausse, pas les actions

Alors que l'euro plonge, les obligations européennes tirent leur épingle du jeu. Anticipant un ralentissement économique et des baisses de taux de la BCE pour y remédier, les investisseurs se ruent sur la dette souveraine, faisant baisser les rendements.

Le marché obligataire européen a réagi en anticipant une croissance plus faible, ce qui peut être compensé par des réductions de taux de la part de la BCE, sans que cela ne soit assez agressif pour nous entraîner dans une grave récession.

Nick Hayes, responsable chez AXA Investment Managers

En revanche, après un bref sursaut, les Bourses européennes ont fini en nette baisse mercredi, les investisseurs commençant à intégrer les risques liés aux politiques de Trump. Les valeurs automobiles, très exposées aux droits de douane, ont particulièrement souffert.

Quelle ampleur pour la "Trumponomics" ?

L'ampleur des dégâts dépendra du rythme et de l'étendue de la mise en place des mesures protectionnistes promises par Trump, ainsi que des éventuelles représailles de l'Europe et de la Chine. La prise de contrôle du Congrès par les Républicains sera déterminante.

• JPMorgan, ING et ABN AMRO estiment qu'une chute de l'euro à la parité pourrait se répéter.
• Goldman Sachs table sur un impact de 0,5% sur le PIB de la zone euro.

Beaucoup d'incertitudes demeurent donc sur les conséquences exactes d'une nouvelle ère Trump pour l'économie européenne. Mais une chose est sûre : l'Europe va devoir naviguer en eaux troubles, au moment même où la croissance montre des signes d'essoufflement et où l'inflation complique la tâche des banquiers centraux. Un contexte périlleux...