L’Europe à la traîne face à la Chine dans le solaire
Alors que la transition énergétique s'accélère, l'Europe se trouve aujourd'hui dans une position délicate. Malgré ses ambitions affichées dans le solaire, l'UE reste très dépendante des importations, en particulier de Chine, pour déployer cette énergie renouvelable sur son territoire. Un constat alarmant qui soulève des questions sur la souveraineté industrielle européenne.
Un déficit commercial abyssal dans le solaire
En 2024, l'Europe et les États-Unis affichent un déficit commercial combiné de 20 milliards de dollars sur les équipements photovoltaïques. Une situation qui met en lumière la dépendance de ces deux régions aux importations pour développer l'énergie solaire. Mais si le constat est similaire, les origines de ces importations divergent selon les analyses des instituts Bruegel et Rhodium.
Sous l'administration Obama, les États-Unis ont imposé des taxes sur les panneaux solaires chinois pour protéger leur industrie nationale. Résultat : en 2024, 82% des modules importés proviennent désormais du Vietnam, de la Malaisie, de Thaïlande et du Cambodge, contre 75% en 2023. Une diversification des approvisionnements qui contraste avec la situation européenne.
L'Europe, otage du solaire chinois
Contrairement aux États-Unis, l'Europe reste quasi exclusivement dépendante de la Chine pour ses importations d'équipements solaires. Malgré une légère baisse des importations de cellules chinoises, l'empire du Milieu conserve une mainmise préoccupante sur le marché européen du photovoltaïque.
Cette situation expose l'Europe à de nombreux risques :
- Dépendance stratégique vis-à-vis d'une puissance étrangère
- Vulnérabilité aux tensions géopolitiques et commerciales
- Perte de compétitivité et d'emplois dans la filière solaire européenne
Vers une reconquête de la souveraineté solaire européenne ?
Face à ce constat alarmant, l'Europe doit impérativement réagir pour ne pas se laisser distancer dans la course au solaire. Plusieurs pistes sont à explorer pour reconquérir une souveraineté industrielle dans ce secteur stratégique :
- Soutenir l'innovation et la R&D dans la filière photovoltaïque européenne
- Instaurer des mesures de protection face à la concurrence déloyale
- Encourager les partenariats public-privé pour développer une industrie solaire compétitive
- Diversifier les sources d'approvisionnement pour réduire la dépendance à la Chine
Il y a urgence à agir car comme le souligne Isabelle Kocher, ex-PDG d'Engie :
«Il est crucial de renforcer notre autonomie stratégique dans les énergies renouvelables, et en particulier dans le solaire. C'est une question de souveraineté économique et de sécurité énergétique pour l'Europe.»
Isabelle Kocher, ex-PDG d'Engie
L'Europe a tous les atouts pour devenir un leader mondial du solaire : un marché porteur, un vivier de talents, des entreprises innovantes... Encore faut-il lui donner les moyens de ses ambitions ! La bataille ne fait que commencer mais elle sera décisive pour garantir un avenir durable et souverain au Vieux Continent.