L’Europe Peut-Elle Importer 750 Milliards d’Énergie ?

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août 4, 2025

L’Europe Peut-Elle Importer 750 Milliards d’Énergie ?

Imaginez un instant : l’Europe, en quête d’indépendance énergétique, s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie aux États-Unis en seulement trois ans. Ce chiffre, annoncé lors d’un accord retentissant entre Ursula von der Leyen et Donald Trump en juillet 2025, a de quoi faire tourner les têtes. Mais est-ce une ambition réalisable ou un pari politique audacieux ? Plongeons dans les méandres de cet engagement, entre défis logistiques, dépendances économiques et impératifs climatiques.

Un Accord aux Enjeux Colossaux

L’accord transatlantique, signé en Écosse, marque un tournant dans les relations économiques entre l’Union européenne et les États-Unis. En échange d’une réduction des droits de douane à 15 %, l’Europe s’engage à tripler ses importations énergétiques américaines d’ici 2028. Cet objectif, qui inclut le gaz naturel liquéfié (GNL), le pétrole et les technologies nucléaires, vise à réduire la dépendance au gaz russe tout en renforçant la sécurité énergétique du continent. Mais derrière les déclarations optimistes, les experts s’interrogent : est-ce réalisable ?

Un Défi Logistique de Taille

En 2024, l’Union européenne a importé pour 76,9 milliards d’euros d’énergie des États-Unis, dont 15 milliards pour le GNL. Atteindre 250 milliards par an, comme stipulé, nécessiterait une multiplication par plus de trois des volumes actuels. Or, la demande énergétique européenne stagne, et les capacités d’exportation américaines, bien qu’en croissance, ne suffisent pas à combler un tel écart.

« Tripler les importations en si peu de temps est tout simplement irréaliste. Les infrastructures et la demande ne suivent pas. »

– Anne-Sophie Corbeau, experte en énergie à l’université Columbia

Les États-Unis, déjà premier fournisseur de GNL (45 % des importations européennes) et de pétrole (16 %), peinent à augmenter leurs capacités de liquéfaction à court terme. De plus, les contrats pétroliers, souvent à court terme, rendent difficile une planification aussi ambitieuse. La chimie européenne, qui pourrait absorber des hydrocarbures légers, traverse une période de faible croissance, limitant encore les perspectives.

Une Nouvelle Dépendance en Vue ?

Si l’accord vise à libérer l’Europe des hydrocarbures russes, il pourrait créer une nouvelle forme de dépendance énergétique. En 2024, l’Europe a importé 375 milliards d’euros d’énergie, tous fournisseurs confondus. Consacrer 60 % de ce budget aux États-Unis impliquerait une concentration inédite sur un seul partenaire. Ce choix stratégique soulève des inquiétudes parmi les analystes.

« Passer d’une dépendance à une autre n’est pas une solution durable », prévient Anne-Sophie Corbeau. Cette dépendance pourrait également fragiliser les relations avec d’autres fournisseurs, comme le Qatar, qui privilégie les marchés asiatiques. Enfin, la volatilité des prix du GNL, prévue à la baisse d’ici 2028, complique l’atteinte des 250 milliards annuels.

Un Impact Climatique Controversé

L’accord soulève un paradoxe majeur : comment concilier cet afflux d’hydrocarbures avec les objectifs climatiques européens ? L’Union européenne s’est engagée à réduire sa consommation de gaz pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Or, le GNL américain, dont l’empreinte carbone peut dépasser celle du charbon dans certains cas, risque de freiner cette transition.

Les experts pointent du doigt les émissions liées au transport et à la liquéfaction du GNL. Contrairement au gaz russe, acheminé par gazoduc, le GNL américain nécessite des tankers énergivores. Ce choix pourrait compromettre les engagements pris lors de la COP26, où l’Europe s’était positionnée comme leader de la transition énergétique.

« Augmenter les importations de GNL américain pourrait doubler l’empreinte carbone de certains pays européens. »

– Davide Oneglia, économiste chez TS Lombard

Le Rôle du Nucléaire et des Puces

Pour atteindre les 750 milliards, l’accord inclut des technologies nucléaires, comme les petits réacteurs modulaires (SMR), et 40 milliards d’euros d’achats de puces pour l’intelligence artificielle. Ces secteurs, bien que prometteurs, restent marginaux face à l’ampleur de l’objectif. Les SMR, encore en phase de développement, ne contribueront pas significativement d’ici 2028. Quant aux puces, leur inclusion semble davantage symbolique, visant à élargir la portée de l’accord.

Bruxelles pourrait également jouer sur la comptabilité, en intégrant des investissements européens aux États-Unis ou des contrats à long terme. Cette créativité comptable, bien que séduisante, ne masque pas le flou entourant l’accord. « C’est un engagement politique, pas un plan économique », résume Anne-Sophie Corbeau.

Les Réactions des Acteurs Économiques

Les industriels européens, bien que favorables à la réduction des droits de douane, restent sceptiques. Les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de la chimie, qui bénéficient de l’accord commercial, craignent une hausse des coûts énergétiques. Les entreprises pétrolières, quant à elles, doutent de la capacité des marchés à absorber de tels volumes sans bouleverser les prix.

Du côté américain, les producteurs de GNL saluent l’opportunité, mais soulignent les limites de leurs infrastructures. « Les nouvelles capacités de liquéfaction arriveront progressivement, pas en un claquement de doigts », explique un dirigeant d’une major pétrolière, sous couvert d’anonymat.

Quelles Alternatives pour l’Europe ?

Face à ces défis, l’Europe pourrait diversifier ses approches pour sécuriser son approvisionnement énergétique tout en respectant ses engagements climatiques. Voici quelques pistes :

  • Accélérer le déploiement des énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.
  • Investir dans l’hydrogène vert comme alternative au GNL.
  • Renforcer les partenariats avec d’autres fournisseurs, comme la Norvège ou l’Algérie.

Ces solutions, bien que coûteuses, offriraient une plus grande résilience énergétique et un meilleur alignement avec les objectifs de développement durable. Elles nécessiteraient toutefois une coordination accrue au sein de l’Union européenne.

Un Pari Politique à Double Tranchant

L’accord de juillet 2025, bien que non contraignant, reflète les tensions entre impératifs politiques et réalités économiques. Pour Donald Trump, il s’agit d’un étendard pour promouvoir l’industrie énergétique américaine. Pour Ursula von der Leyen, c’est un moyen de sécuriser l’approvisionnement tout en apaisant les relations transatlantiques. Mais à quel prix ?

Le risque est clair : un échec à atteindre les 750 milliards pourrait fragiliser la crédibilité de Bruxelles, tandis qu’un succès partiel pourrait compromettre les ambitions climatiques. L’Europe se trouve à la croisée des chemins, entre sécurité énergétique et transition écologique.

Vers un Nouveau Modèle Énergétique ?

En définitive, cet accord soulève des questions fondamentales sur l’avenir énergétique de l’Europe. Peut-elle concilier ses besoins immédiats avec ses ambitions à long terme ? La réponse réside peut-être dans une approche hybride, combinant importations stratégiques et investissements massifs dans les énergies vertes. Une chose est sûre : les trois prochaines années seront décisives.

Alors que les négociations se poursuivent, l’Europe doit naviguer avec prudence. Entre promesses politiques et contraintes techniques, l’équilibre est fragile. Cet accord, s’il est ambitieux, pourrait redéfinir les dynamiques énergétiques mondiales… ou révéler les limites d’une vision trop optimiste.

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