L’Europe se donne un an de plus pour lutter contre la déforestation
Face aux inquiétudes exprimées par de nombreuses entreprises et pays, l'Union Européenne a décidé de reporter d'un an l'entrée en vigueur de son ambitieux règlement visant à lutter contre la déforestation importée. Initialement prévu pour décembre 2024, ce texte emblématique laissera finalement jusqu'à fin 2025 aux acteurs économiques pour se mettre en conformité et tracer l'origine de leurs approvisionnements.
Des filières sous pression
Que ce soit pour le cacao, le café, le bois ou encore le caoutchouc, de nombreuses filières se sont senties prises de court par le calendrier initialement fixé. Mettre en place des systèmes de traçabilité performants, capables de garantir qu'aucun produit n'est issu de la déforestation après 2020, représente en effet un véritable défi :
- Cartographier l'ensemble des fournisseurs et sous-traitants
- Collecter et vérifier des données de géolocalisation précises
- Auditer les pratiques sur le terrain
La plupart des entreprises concernées ont fait savoir qu'elles auraient besoin de plus de temps pour bâtir des filières d'approvisionnement réellement durables et transparentes.
Des pays producteurs inquiets
Au-delà des industriels européens, ce sont surtout les principaux pays exportateurs de matières premières qui ont fait pression pour assouplir le calendrier. L'Indonésie, la Malaisie ou encore le Brésil craignaient de voir leurs ventes vers l'Europe brutalement interrompues, faute de pouvoir fournir les garanties nécessaires dans les délais.
Avant d'importer sur le marché européen, les entreprises devront apporter la preuve que leurs produits ne proviennent pas d'une parcelle déboisée après décembre 2020.
Pour ces états, souvent très dépendants des exportations agricoles, un accès restreint au marché européen serait catastrophique économiquement mais aussi socialement. Ils ont donc demandé plus de temps pour accompagner la mutation progressive de leurs filières.
Un report inévitable ?
Si ce délai supplémentaire apparaît comme un recul pour certaines ONG environnementales, la Commission et le Parlement européens l'ont jugé indispensable pour bâtir un consensus large autour de ce règlement essentiel. Reporter son application d'un an doit permettre d'embarquer l'ensemble des acteurs dans cette démarche vertueuse mais exigeante.
Il faut aussi rappeler que ce texte est une première mondiale à une telle échelle. Aucune zone économique n'a jusqu'ici osé conditionner ses importations à des critères aussi stricts en matière de lutte contre la déforestation.
Une ambition intacte
L'Europe compte bien, malgré ce contretemps, rester à la pointe de ce combat crucial pour l'avenir de la planète. De nombreux députés l'ont martelé lors des débats : ce report ne doit surtout pas être interprété comme un renoncement. La lutte contre la déforestation importée reste une priorité absolue de l'agenda européen.
La vigilance sera donc de mise lors des prochains mois, pour s'assurer que ce délai est mis à profit par les entreprises et les États pour bâtir des chaînes d'approvisionnement réellement « zéro déforestation ». L'Europe a donné un an de plus, à chacun de se montrer à la hauteur de cette confiance et de cette exigence !