L’expression « pourriture du cerveau » élue mot de l’année par Oxford
Avez-vous déjà eu l'impression que votre cerveau était en train de pourrir à force de consommer du contenu en ligne sans queue ni tête ? Vous n'êtes pas seul. Le phénomène est devenu si répandu qu'Oxford a élu l'expression "pourriture du cerveau" comme mot de l'année 2024. Décryptage d'un choix révélateur de notre rapport au numérique.
Qu'est-ce que la "pourriture du cerveau" ?
Selon la définition d'Oxford University Press, éditeur de l'Oxford English Dictionary, la "pourriture du cerveau" désigne la "détérioration supposée de l'état mental ou intellectuel d'une personne" liée à une overdose de contenu en ligne sans véritable narration, comme les vidéos TikTok.
Si l'expression ne figure pas encore dans le prestigieux dictionnaire, son usage croissant dans la culture populaire cette année lui a valu d'être sacrée mot de l'année 2024. Oxford se base sur un corpus de 26 milliards de mots issus de sources d'actualité du monde anglophone pour identifier les tendances linguistiques les plus marquantes.
Un phénomène viral
La "pourriture du cerveau" succède ainsi à des termes comme "rizz" en 2023 ou "goblin mode" en 2022, eux aussi portés par des phénomènes de société et la viralité des réseaux sociaux. Mais si ces expressions reflètent l'air du temps, elles mettent parfois du temps à intégrer officiellement le dictionnaire.
Les éditeurs de l'OED attendent de voir un usage soutenu et généralisé avant d'ajouter un nouveau mot.
The New York Times
Parmi les derniers mots à avoir fait leur entrée dans l'ouvrage de référence, on trouve par exemple "tech-savvy", dont la première occurrence remonte pourtant aux années 1980. La consécration de la "pourriture du cerveau" n'est peut-être donc qu'une question de temps.
Le revers de la médaille numérique
Au-delà de l'anecdote linguistique, le succès de cette expression met en lumière les interrogations croissantes sur l'impact du numérique sur notre santé mentale. La consommation compulsive de contenu morcelé et addictif, encouragée par les algorithmes des plateformes, suscite une inquiétude grandissante.
Difficultés de concentration, perte de repères narratifs, sentiment de surcharge cognitive... Les symptômes de la "pourriture du cerveau" font écho à une forme de mal-être générationnel. Sans tomber dans un discours technophobe, il y a une prise de conscience des dérives potentielles d'une overdose numérique.
Vers une consommation plus responsable ?
Face à ce constat, de plus en plus de voix s'élèvent pour appeler à une relation plus saine et équilibrée aux écrans. Des initiatives émergent pour promouvoir une "détox digitale" et retrouver le plaisir de contenus plus substantiels et structurés.
Cela passe aussi par une responsabilisation des plateformes, sommées de revoir leurs modèles pour favoriser le bien-être des utilisateurs plutôt que la seule captation de leur attention. Un défi de taille, mais nécessaire pour éviter que la "pourriture du cerveau" ne devienne la norme.
En attendant, le choix d'Oxford a le mérite de mettre des mots sur un malaise contemporain et d'ouvrir le débat. Et vous, que vous inspire cette expression ? Votre cerveau est-il aussi en bouillie ou avez-vous trouvé la parade ? Les réponses en commentaires !