L’hydrogène blanc, une énergie propre et abondante du futur ?
Et si le sous-sol recelait la clé d'un avenir énergétique plus propre et durable ? C'est la promesse que laisse entrevoir l'hydrogène blanc, aussi appelé hydrogène naturel ou natif. Présent en quantités faramineuses dans les profondeurs terrestres, ce gaz suscite un intérêt grandissant. Mais de nombreux défis restent à relever avant d'envisager son exploitation à grande échelle.
Un potentiel colossal mais encore méconnu
Selon les estimations du géologue américain Geoffrey Ellis, pas moins de 5000 milliards de tonnes d'hydrogène seraient présentes dans le sous-sol, de quoi répondre à nos besoins énergétiques pendant plusieurs siècles. Si la majeure partie de ce gisement demeure inaccessible, les quantités exploitables restent colossales.
En France, un premier permis exclusif de recherches de gisements d'hydrogène natif a été accordé fin 2023 à la société TBH2 Aquitaine. Une zone de 225 km² sera ainsi explorée dans les Pyrénées-Atlantiques durant 5 ans. De quoi raviver les espoirs autour de cette ressource méconnue.
Des atouts séduisants face à l'hydrogène vert
Contrairement à l'hydrogène vert, produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable, l'hydrogène blanc présente l'avantage d'être bien moins cher. Au Mali, où se trouvent les premiers puits de production, le kilo d'hydrogène naturel coûte seulement 50 centimes, contre plusieurs euros pour son équivalent vert.
On mise sur un prix de 1,5 euro le kilo, bien moins élevé que celui de l'hydrogène vert. Surtout, il n'y a besoin ni d'eau ni d'énergie pour le produire.
Isabelle Moretti, chercheuse à l'université de Pau et des Pays de l'Adour
Outre son faible coût, l'hydrogène blanc ne nécessite ni eau ni apport d'énergie pour être produit, contrairement aux autres formes d'hydrogène. Un avantage considérable alors que les ressources en eau se raréfient.
Des défis techniques et environnementaux à surmonter
L'exploitation des gisements d'hydrogène natif soulève cependant de nombreuses interrogations. Il faut d'abord localiser précisément la ressource, évaluer sa quantité et sa qualité via des forages exploratoires. Un processus long et coûteux.
Le risque de fuites d'hydrogène, gaz à fort pouvoir de réchauffement, doit aussi être sérieusement pris en compte et maîtrisé. Tout comme l'impact environnemental de l'exploitation des gisements au cas par cas. Sans oublier les défis liés à la purification de l'hydrogène natif qui peut contenir divers polluants.
Un déploiement envisageable d'ici 10 ans
Si le potentiel théorique de l'hydrogène blanc est immense, nous n'en sommes qu'aux prémices de son développement. Selon les experts, il faudra attendre au moins une décennie avant d'envisager une exploitation significative de cette ressource.
Si, d'ici à dix ans, 10% de l'hydrogène utilisé vient du naturel, on sera allé vite.
Isabelle Moretti
D'ici là, la priorité reste le déploiement massif des autres formes d'énergies bas carbone, au premier rang desquelles les renouvelables. Car l'urgence climatique exige d'agir sans attendre pour contenir le réchauffement sous la barre des 2°C.
L'hydrogène blanc ouvre des perspectives fascinantes pour le futur. Mais le chemin est encore long avant de pouvoir l'utiliser à grande échelle. Un défi stimulant pour la recherche et l'innovation, afin de faire de cette ressource souterraine un pilier de notre avenir énergétique.
