L’IA au service des oreilles d’or de l’armée
Au cœur des profondeurs marines, une oreille affûtée veille. Son rôle : détecter et analyser la moindre vibration suspecte. Mais face à la croissance exponentielle des données à traiter, l'oreille humaine atteint ses limites. C'est là que l'intelligence artificielle entre en scène, pour révolutionner le travail de ces experts acoustiques que l'on nomme les "oreilles d'or".
L'IA s'invite dans les sous-marins
Imaginez : vous êtes à bord d'un sous-marin, scrutant l'horizon sonore à la recherche de la moindre menace. Chaque son capté doit être minutieusement analysé pour déterminer sa nature : simple navire de commerce ou redoutable drone ennemi ? Un travail de fourmi qui repose sur l'expertise des oreilles d'or, véritables virtuoses de la guerre acoustique.
Mais avec la multiplication des capteurs et l'augmentation fulgurante du volume de données, la tâche devient titanesque. C'est pourquoi la Marine Nationale se tourne aujourd'hui vers l'intelligence artificielle pour épauler ses analystes. Le but : isoler les signaux d'intérêt dans l'océan de bruit ambiant, pour permettre aux oreilles d'or de se concentrer sur l'essentiel.
Preligens, la pépite française qui révolutionne l'analyse acoustique
Pour relever ce défi, la Marine s'est tournée vers Preligens, une startup tricolore spécialisée dans l'IA appliquée à la défense. Ensemble, ils ont développé un démonstrateur prometteur, capable d'identifier en un temps record les différents types de navires et d'activités humaines à partir des sons captés.
Les résultats sont très encourageants. L'IA peut réduire drastiquement le temps d'analyse, passant de 40 jours à seulement 5 heures pour traiter 12 jours d'enregistrements.
Vincent Magnan, directeur du Cira
Entraîné sur une vaste base de données acoustiques, l'algorithme de Preligens peut désormais reconnaître une multitude de signatures sonores, du nombre de pales d'une hélice au type de propulsion d'un bateau. Un gain de temps et d'efficacité considérable pour les oreilles d'or, qui peuvent ainsi se focaliser sur les signaux les plus pertinents.
Vers une détection multi-capteurs
Mais les ambitions de la Marine vont plus loin. L'objectif à terme est de combiner ces données acoustiques avec d'autres sources de renseignement, comme l'imagerie satellite ou les informations radars. Une approche multi-capteurs qui permettrait d'affiner encore la détection et l'identification des menaces.
Cependant, pour y parvenir, plusieurs défis restent à relever. Il faudra notamment muscler les capacités de calcul et de stockage, tant à terre qu'en mer. Sans oublier l'enjeu crucial de l'annotation des données, indispensable pour entraîner des IA toujours plus performantes.
L'humain, toujours au cœur du dispositif
Malgré ces avancées spectaculaires, une chose est sûre : l'intelligence artificielle ne remplacera pas les oreilles d'or. Son rôle est d'assister et de faciliter leur travail, en leur permettant de se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Car au-delà de la prouesse technologique, c'est bien l'expertise humaine qui reste le maillon essentiel de cette chaîne de détection. Une complémentarité entre l'homme et la machine qui ouvre de nouvelles perspectives dans la guerre acoustique sous-marine.
Alors que les enjeux de souveraineté et de surveillance des océans n'ont jamais été aussi prégnants, nul doute que cette alliance prometteuse entre IA et oreilles d'or contribuera à renforcer les capacités de la Marine Nationale. Une innovation de rupture, pour mieux anticiper les menaces du futur.