L’IA de Thales booste les performances du Rafale F4
Les récentes avancées de l'intelligence artificielle ne cessent de repousser les limites du possible, en particulier dans le domaine de l'aéronautique militaire. Thales, géant français de l'électronique de défense, vient de franchir une étape cruciale en intégrant pour la première fois une IA temps réel au cœur du pod Talios, un équipement clé du Rafale F4. Une prouesse technologique qui va démultiplier les capacités de l'avion de chasse français.
L'IA s'invite dans le pod Talios
Véritable concentré de technologies, le pod Talios (TArgeting Long-range Identification Optronic System) équipe le Rafale depuis 2018 pour assurer des missions de reconnaissance et de désignation laser. Mais avec l'arrivée de l'intelligence artificielle, ses performances vont littéralement exploser :
Certains de nos concurrents communiquent autour de l'intelligence artificielle dans leurs nacelles, mais à notre connaissance nous sommes les premiers à l'avoir embarquée avec un fonctionnement en temps réel.
– Michel Blanquart, directeur de projet optronique chez Thales
Concrètement, les algorithmes de deep learning développés par Thales vont permettre au pod de scanner une zone, d'analyser automatiquement les images et de soumettre les cibles potentielles au pilote. Le tout en quelques secondes seulement, là où il fallait plusieurs minutes auparavant. Un gain de temps précieux qui va considérablement fluidifier le processus de décision et réduire la charge mentale du pilote.
Un défi technologique relevé
Mais embarquer une IA dans un pod représentait un véritable défi, car il faut composer avec de multiples contraintes. Tout d'abord l'environnement très hostile, avec des températures extrêmes et de fortes vibrations qui exigent une mécanique de haute précision. Ensuite, la puissance de calcul et la consommation électrique sont limitées, ce qui a poussé les ingénieurs de Thales à concevoir une IA particulièrement frugale et autonome, sans aucun recours à des serveurs au sol.
C'est tout le savoir-faire de Thales en matière d'IA qui a été mobilisé, en particulier au sein du lab d'innovation interne baptisé Image'Inn. Des opérationnels ont ainsi pu tester la solution dans des conditions réalistes grâce à de multiples simulations. Le tout chapeauté par CortAIx, la structure dédiée à l'IA qui regroupe recherche, capteurs et systèmes.
Vers un champ de bataille augmenté
Au-delà du Rafale F4 qui sera le premier avion à en bénéficier dès 2026, cette brique IA est vouée à se diffuser à l'ensemble des plateformes aéroportées. Car la tendance est clairement au combat collaboratif, avec des échanges de données tous azimuts entre avions, drones, satellites... Une véritable révolution où l'intelligence artificielle jouera un rôle central pour démultiplier les capacités de chaque vecteur :
- Meilleure compréhension de l'environnement
- Prise de décision accélérée
- Automatisation des tâches de détection/identification
- Réduction de la charge cognitive des opérateurs
Mais il ne s'agit là que d'une première étape. Car à terme, les algorithmes développés par Thales pourraient aussi être utilisés pour de l'évitement d'obstacles, de l'atterrissage automatique ou encore du combat autonome. Des perspectives aussi fascinantes qu'inquiétantes, qui soulèvent de nombreuses interrogations éthiques.
L'Homme doit rester aux commandes
Face à ces enjeux, Thales se veut rassurant en affirmant haut et fort que l'intelligence artificielle ne viendra jamais remplacer l'homme, mais seulement l'assister dans ses missions. Le pilote restera seul maître à bord pour toutes les décisions d'engagement.
L'IA accélère la boucle de décisions, mais c'est bien le pilote qui décide in fine.
– Michel Blanquart
Une position partagée par l'état-major des armées, qui rappelle que le soldat augmenté reste une aide à la décision et non un substitut à la réflexion humaine. Il n'empêche, le sujet mérite un vrai débat de société pour encadrer le développement de ces technologies duales.