LifeLabs vendu à l’américain Quest Diagnostics pour 1,35 milliard $
C'est un véritable tremblement de terre qui vient de secouer l'industrie biomédicale canadienne. LifeLabs, leader national des tests de diagnostic, vient de passer sous pavillon américain. Le géant Quest Diagnostics a en effet déboursé la coquette somme de 1,35 milliard de dollars pour mettre la main sur ce fleuron canadien. Une opération qui soulève de nombreuses questions sur l'avenir du secteur des technologies de santé au pays.
LifeLabs : success story canadienne dans le biomédical
Fondée en 1971, LifeLabs s'est imposée au fil des années comme un acteur incontournable du marché des tests médicaux au Canada. Avec un chiffre d'affaires annuel frisant le milliard de dollars, l'entreprise emploie plus de 6000 personnes et gère 380 centres de prélèvement à travers le pays. Son offre couvre un large panel d'examens : bilans sanguins, dépistages, tests génétiques...
La société basée à Toronto s'est bâtie une solide réputation en misant sur l'innovation. LifeLabs a été pionnière dans le déploiement de systèmes informatiques de pointe et d'outils numériques pour gérer les rendez-vous et communiquer les résultats aux patients. Cette approche visionnaire lui a permis de se démarquer et de devenir le partenaire privilégié de nombreux hôpitaux et cliniques.
Un ancrage canadien sous la houlette d'OMERS
Détenue depuis 2007 par le fonds de pension ontarien OMERS, LifeLabs est devenue au fil des ans un symbole du dynamisme de l'écosystème tech canadien dans le secteur de la santé. Cet adossement à un investisseur institutionnel de premier plan a permis à la medtech de poursuivre ses investissements stratégiques, notamment dans la R&D et les acquisitions ciblées.
OMERS est fier d'avoir soutenu la croissance de LifeLabs au cours des 17 dernières années. Notre acquisition en 2007 et nos investissements subséquents ont aidé LifeLabs à devenir une grande success story canadienne.
Michael Hill, vice-président exécutif d'OMERS
Malgré ce soutien de poids, LifeLabs n'a pas été épargné par les polémiques. En 2019, le groupe a été victime d'un piratage massif ayant exposé les données personnelles de 15 millions de clients. Un incident qui a terni son image et l'a contraint à payer des dédommagements via une action collective.
Quest Diagnostics : le nouveau chapitre américain
En rachetant LifeLabs, Quest Diagnostics met la main sur un actif précieux pour renforcer sa présence en Amérique du Nord. La société basée dans le New Jersey, déjà leader aux États-Unis, va considérablement muscler ses positions au Canada. Avec 2300 centres et 50000 employés à travers le monde, Quest réalise plus de 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
L'acquisition de LifeLabs, qui devrait être finalisée d'ici fin 2024, va apporter à Quest près d'un milliard de dollars de revenus supplémentaires chaque année. Mais au-delà de l'aspect financier, c'est le savoir-faire technologique et l'implantation locale de LifeLabs qui intéressent Quest.
Cette transaction repose sur notre ferme conviction que nous pouvons aider LifeLabs à accélérer sa croissance et à améliorer les soins de santé. Nous nous engageons à travailler avec l'équipe de LifeLabs pour assurer la continuité du service et améliorer l'accès et l'innovation afin de répondre aux besoins de la population canadienne, en croissance et en vieillissement.
Jim Davis, PDG de Quest Diagnostics
Quest entend notamment apporter son expertise en matière d'expérience utilisateur, avec de nouveaux services en ligne pour prendre rendez-vous ou accéder aux résultats. La sécurité des données, point faible de LifeLabs, sera aussi renforcée. En parallèle, LifeLabs conservera son identité de marque et son siège social canadien, preuve que Quest veut capitaliser sur la notoriété de sa nouvelle filiale.
Quel impact pour l'écosystème tech canadien ?
Si LifeLabs assure que ce rachat sera bénéfique pour les patients comme pour ses employés, certaines voix s'inquiètent des conséquences à long terme d'un tel deal. Au-delà de LifeLabs, c'est tout le secteur canadien des technologies médicales qui pourrait être affecté par cette acquisition.
Avec le rachat d'un champion local par un mastodonte américain, le Canada ne risque-t-il pas de perdre son autonomie stratégique dans un domaine aussi critique que le diagnostic médical ? Dans un marché très concurrentiel, les medtechs canadiennes auront-elles les moyens de rivaliser avec les géants d'outre-Atlantique ?
Autant de questions qui agitent l'écosystème tech canadien, partagé entre la fierté de voir l'une de ses pépites valorisée plus d'un milliard de dollars et la crainte d'une perte de souveraineté. Une chose est sûre : malgré ses difficultés ponctuelles, LifeLabs a démontré la capacité des startups canadiennes à bâtir des entreprises de classe mondiale dans le secteur de la santé. Un secteur hautement stratégique et porteur dans lequel le Canada a définitivement des atouts à faire valoir.
L'avenir nous dira si ce rapprochement avec Quest Diagnostics permettra à LifeLabs, et plus largement à la filière biomédicale canadienne, de franchir un nouveau cap. Les autorités de régulation, qui devront se prononcer sur ce rachat, auront certainement à cœur de préserver cet écosystème dynamique et innovant. Car c'est bien de l'intérêt des patients et du système de santé canadien dans son ensemble qu'il s'agit.
