Lightspeed envisage une vente stratégique
La scène technologique canadienne pourrait assister à une transaction majeure dans les prochains mois. Lightspeed Commerce, le leader montréalais des solutions de paiement et de gestion pour commerces, a confirmé conduire actuellement une revue stratégique de ses activités. Une annonce qui intervient alors que des rumeurs évoquent l'exploration d'une potentielle vente par l'entreprise.
Fondée en 2005, Lightspeed fournit des logiciels et du matériel de point de vente à destination des restaurants, commerces et hôtels. Cotée au NYSE et au TSX, la société a vu son action chuter de plus de 86% depuis son pic de la pandémie en septembre 2021, dans un contexte de ralentissement généralisé du secteur tech. Mais le récent intérêt d'acquéreurs potentiels semble redonner espoir aux investisseurs.
Une revue stratégique pour "réaliser son plein potentiel"
Dans un communiqué publié le 25 septembre, Lightspeed a confirmé avoir engagé des discussions sur un éventail "d'alternatives stratégiques" dans le cadre d'une revue périodique de ses opérations. L'objectif : optimiser la valeur pour les actionnaires et "réaliser son plein potentiel".
Bien que la société reste discrète sur la nature exacte de ces options, les médias Reuters et Globe and Mail rapportent que Lightspeed aurait fait appel à la banque d'affaires JPMorgan Chase pour évaluer différents scénarios, dont une possible acquisition. Parmi les repreneurs pressentis figureraient des rivaux technologiques ainsi que des fonds d'investissement privés.
Un intérêt stratégique pour les géants des paiements ?
Selon une note d'analyste d'ATB Capital Markets, Lightspeed pourrait représenter une cible de choix pour les mastodontes historiques de l'acquisition de marchands comme Fiserv ou Global Payments. Son volume brut de transactions, son bilan financier solide et certains "atouts cachés" aiguiseraient aussi l'appétit de géants technologiques du paiement à l'instar d'Apple, Amazon, Block (ex-Square), PayPal ou Shopify.
La valorisation actuelle de Lightspeed ne reflète pas son plein potentiel. Une transaction avec un acteur stratégique ou financier pourrait révéler sa valeur intrinsèque et apporter l'expertise nécessaire pour propulser sa croissance.
Martin Toner, directeur de recherche institutionnelle chez ATB Capital Markets
Les fonds privés à l'affût
Du côté des investisseurs en capital-investissement, Lightspeed pourrait susciter des convoitises en vue d'une reprise par compartiments. Un fonds pourrait ainsi envisager de céder distinctement les activités hôtellerie à un spécialiste comme Toast, tout en conservant le business retail.
Ce schéma rappelle celui de Nuvei, compatriote montréalais de Lightspeed dans les technologies de paiement. En mars dernier, le groupe avait conclu un accord à 6,3 milliards USD avec le fonds américain Advent International en vue d'un retrait de la cote. Un chemin que pourraient emprunter de nombreuses techs canadiennes publiques dans un marché baissier.
Le recentrage de Dax Dasilva sur la croissance rentable
Sous l'impulsion de son fondateur et PDG Dax Dasilva, de retour aux manettes en début d'année, Lightspeed s'efforce de trouver le juste équilibre entre progression du chiffre d'affaires et maîtrise des coûts pour regagner la confiance des marchés. Dans une interview accordée à BetaKit en juin, l'entrepreneur n'excluait pas l'éventualité d'un passage en privé, tout en réaffirmant sa volonté de faire de Lightspeed "une excellente société publique".
Nous ne pouvons fermer la porte à d'autres options stratégiques. Mais mon objectif est de continuer à bâtir une entreprise technologique emblématique au Canada, avec une trajectoire de croissance solide et durable.
Dax Dasilva, PDG et fondateur de Lightspeed
En attendant de connaître l'issue de ce processus de revue, Lightspeed peut se satisfaire de la réaction positive des investisseurs. Son titre a bondi de plus de 17% depuis l'annonce, signe que le marché parie sur une opération créatrice de valeur pour ce fleuron de la French Tech montréalaise. Réponse dans les prochains mois.
